Vent de panique en Aout 1941
le blocus japonais sur la soie, plus de bas disponibles ...
juste avant les premiers bas Nylon
Nous avons pu partager un historique de la naissance du fil de nylon, puis des Bas Nylon. J'avais évoqué alors une double naissance, souvenez-vous ! Un premier lancement officiel en 1940 à l'échelle du pays, puis une production de nylon détournée vers les efforts de guerre comme toile à parachute par exemple, ou sac à poudre. Et donc une seconde naissance vers 1945, quand le débarquement et les mois de libération des différents pays d'Europe suivîrent, et lorsque la production industrielle reprit son cours habituel au sein des USA.
Complicité pour créer l'illusion de deux coutures
Mais entre les deux, entre la production arrêtée, un stock infime quasi disparu dans les fonds d'armoire, et dans d'autres pays où les restrictions pesaient fortement sur le commerce et encore plus sur les budgets, les bas devenaient des rêves, des objets de convoitise, un graal quasi mythique de finesse, inaccessible.
Dorénavant il fallait se subtituer à une mode faite de bonnes idées et de nombreuses ré-utilisations détournées de tissus. On refaisait du neuf avec du vieux, on substituait un usage par un autre. Sauf pour les bas, car un bas filé devient un bas inutile, inélégant, qui signe de ses cicatrices les jambes de celles qui les portent, et enlaidit sa mode.Alors comment faire ?
"Teinture avec les moyens du bord"
"Couture d'une main précise"
"Un trait imaginaire vers la féminité"
Heureusement dans des périodes difficiles, les sourires reviennent toujours, la force de l'imagination n'a ni frontières, ni limites. Une résistance pacifique, mais aussi un de ces petits bonheurs qui donnent un peu de saveur dans une vie de topinambours.
Ainsi de chaque côté de l'Atlantique, dans les villes comme dans les villages, chacune s'est adapté à ce manque en trichant discrètement. A Paris, certains étudiants d'alors, des beaux-arts ou d'autres écoles disposant de dons artistiques, s'attelèrent à suivre les courbes de leurs modèles, à sculpter les lignes des corps féminins. Une ligne verticale, un fond talon, un faux revers...
Parfaite illusion
Liquid Stockings
Elizabeth Arden Cosmétiques pour les jambes
Car si la couture du bas fût, au début de l'existence du bas Nylon, une raison technique (n'oublions pas que le bas est tissé à plat, avec les proportions réelles de la jambe, puis cousu d'où cette couture verticale derrière la jambe) qui devint ensuite un enjeu d'élégance. Par manque de matière première, par jeu de transparence, on épilait les jambes et on donnait l'illusion de porter des bas.
Illusion donc avec une ligne verticale peinte au dos des jambes, une teinture sur l'ensemble de la jambe, jusqu'à un faux revers parfois en double teinture. La mystification devait être parfaite, même dans des détails qu'aucun oeil ne verrait. Car finalement cette magie opérait d'abord pour celle qui soudain ressentait ses nouveaux bas, si fins, si légers sur elle.
Vapeur cosmétique, peinture et teinture avec des "bas liquides", une période créative qu'il est bon de rappeler. Et l'imagination poussa même à croiser quelques "Bar à maquillage pour jambes", des stands dans les grands magasins américains de l'époque.
Bar à maquillage
Séance "faux bas nylon"
Il existait même des ustensiles spécifiques
pour garder la symétrie, et bien centrer la couture,
la fausse couture ...
Un avantage réel :
Ce bas ne file jamais ! ;-)
Un rarissime film sur le sujet, dans les grandes villes, certaines dames
louaient les services d'un artiste pour décorer leurs jambes.
Pour retrouver tous les articles BAS NYLON années 50-60 :
Pour découvrir le futur Ordre de la Jarretelle :
Pour information, récemment il a été relancé des collants liquides, des versions cosmétiques pour les jambes et le corps, avec les laits auto-bronzants, et certaines poudres dorées pour l'esthétique actuel des jambes modernes.
Nylonement
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