L'actualité change parfois le destin des articles. Celui-ci est pour vous tous, lectrices et lecteurs, car cette femme-là avait tous les visages et les féminités qui fascinent.
Annie GIRARDOT est partie aux pays des anges, revoir et revivre de belles histoires avec Bernard Blier, Jean Yanne et Philippe Noiret et tant d'autres de cette génération miraculeuse.
Elle était la fameuse femme comme j'essaye de vous la décrire depuis des mois, des centaines d'articles, elle était cette femme à multiples facettes. Elle était fragile et blessée intérieurement. Elle était aussi douce que vous avez pu le voir, aussi forte parfois et aussi sévère et dure avec autrui pour mieux se protéger. Elle a commencé comme une beauté intouchable dans Rocco, mais elle continuera ensuite à faire tourner les têtes des hommes, à provoquer la jalousie des femmes. Elle était vraie et elle fût malgré elle une vraie féministe féminine.
Elle ne pouvait être l'une sans l'autre car elle pouvait passer des rôles légers et de putasses à celle d'un médecin respectable, elle vivait, elle croquait la vie, elle était désirable et trop femme sûre d'elle pour ne pas effrayer les hommes.
Pourtant elle était fragile, une proie facile, une perfectionniste très exigeante avec elle-même. Heureuse non pour elle mais pour les autres, elle donnait, elle se donnait, n'espérant peu des autres. Une altruiste dans un monde de consommation facile, de stéréotypes faciles.
Elle était une actrice rare et populaire, très présente dans ses 120 films, du comique ou plus tragique, elle attirait les regards sur sa plastique parfaite (elle avait un corps digne des plus belles femmes des années 60 et 70, avec tous les atouts de la féminité), elle avait une gueule, parfois une grande gueule.
Puis la vie, celle qui brûle sans regarder les autres, sans donner à manger à un sdf, qui dévore ses propres enfants, cette vie, notre vie, l'a oublié, l'a contingenté dans un coin avec sa gueule, sa vieillesse, son alcool et ses cigarettes, sa gueule cassée, si vraie de femme usée, usée d'avoir donné sans rien demander, sans rien recevoir. Elle a vu ses copains partir, elle s'est évaporé.
Le hasard l'a remis su les planches, dans la toile à la fin des années 90, elle nous a ému TOTALEMENT en avouant que le public lui manquait. Mais elle n'a rien demandé, là encore.
Et la suite fût celle d'une femme, d'une amie, d'une émotion forte, de sa fille témoignant avec dignité sur ses errances, avec la maladie d'alzheimer. Elle s'est oubliée.
Mais moi, ce matin, en écrivant je ne l'ai pas oublié dans "Elle boit pas, Elle fume pas, Elle drague pas mais elle cause", et tant d'autres émotions. J'avais tant de photos de ses belles jambes. Mais le coeur , la proximité avec ses doutes, m'ont empêché de les retrouver.
Elle était une femme, une vraire femme, une grande actrice, une féministe si féminine.
Prenez soin de vous !