Après des années de lutte contre la nature, l'économie a réussi à plonger dans les abysses, devenue informe créture aux mains des financiers, ces vils êtres nés du néant, sans éthique et sans réelle morphologie humaine. Ils sont devenus maîtres du monde. Au nom de nouvelles lois, de plus en plus alambiquées pour que mêmes les spécialistes ne les comprenent plus et que seuls les dominants puissent contourner, du moins démontrer leur toute puissance sur le business, la vie, les choses qui grouillent, les humains.
Ah oui, le monde a bien changé depuis un millénaire, seuls quelques érudits, souvent des personnes âgées conservées comme un trésor par leur famille dans une pièce non déclarée comme la cave, savent encore parler de livres, ces objets rares faits de papier, transmis de générations en générations, pour transmettre la culture, mais plus encore découvrir un autre monde, et un sentiment ultime qu'est la liberté. Oui dehors, tout est contrôlé, dirigé par des flux financiers, qui en s'absorbant entre eux, font qu'il n' y a plus d'investissements, parfois plus d'électricité, dans un monde tout numérique. Une croissance qui se mord la queue, qui en réduisant les côuts aujourd'hui, oublie de cronstruire demain, tout en voulant toujours plus. Un paradoxe de plus ! Tout est contrôlé, alors les humains moutons, objets de consommation obligatoire, de médias débiles, font leur journée sans réfléchir.
Heureusement pas tous, car dans des lieux secrets, de longs escaliers non couverts par les caméras et autres détecteurs, non répertoriés pour être soumis à une taxe donc à une obligation de business, donc à des contrôles, dans ces lieux, se réunissent des personnes par passion. Ici les fans de livres d'aventures, ici des passionnés de peinture, là des fans de mode. Plus encore règne la liberté dans ces moments-là, et des groupes sans nom, pour se protéger d'éventuelles fuites, sans aucun lien avec l'internet ultra-surveillé, des communautés de membres se retrouvent par parler de glamour. Une sainte hérésie pour l'an 2788, car maintenant le costume est choisi par votre banque, pour sa rentabilité, avec de légères variations suivant votre revenu et votre métier, votre valeur estimée à profit financier.
Donc ici, en ce jour sans soleil, avec trop de nuages de pollution, sans électricité, ils et elles écoutent de vieux disques vynils, regardent des revues de mode, et honorent les années 1950 et 1960. Un souvenir lointain, un glamour antique, un diamant qui brille encore dans la nuit. Le summum pour ces personnes, reste la mode, les robes corolles, les jupons, les bustiers parfois, les couleurs pétillantes, quelques jupes-crayon encore plus rares, bien évidemment des talons hauts et fins. Bien évidemment la liberté pousse à porter le caviar de la jambe, des bas nylon accrochés à des jarretelles douces. Un chic absolu, une ligne sur le dos de la jambe, une couture pour les quelques grammes de cette matière si douce, un inestimable joyau, un incroyable privilège.
Une liberté qu'elles fêtent en riant, et même parfois en conservant sous leur uniforme de travail. Une résistance ultime à la société devenue folle. Ici, on pense glamour, on sourit, on savoure la beauté des femmes, on apprécie la douceur.
Sont-elles folles, dans un rêve flou ?
Deviendront-elles de grandes résistantes, mères d'une révolution ?
Franchiront-elles un jour une barricade numérique, le sein découvert, hors du bustier, le revers d'un bas nylon flamboyant, immortalisées pour ce souvenir d'avoir crues en leur liberté ?
Nylonement