Aimer, il l'avait aimer, si fort !
Bien sûr, ils avaient été heureux, parfois fâchés, parfois en crise, en détresse, mais ils s'aimaient avec toutes les autres reflets de leur vie commune. La renconre au boulot, par hasard, comme ils auraient pû le faire durant des études assez parallèles. Une vie de jeune couple dans la ville, avec des restaurants, des soirées champagne sur le pont au dessus du fleuve, des lumières dans la nuit, ces petites robes, ses talons. Son talent à lui pour la surprendre, année après année, en s'aimant, avec des fleurs, des cadeaux, des petits plats, des silences et toujours des mots et des photos. Ils s'aimaient, ils avaient eu des enfants, partagés ces moments de lumières, de doutes, de famille, de joie.
Ils s'aimaient encore quand elle a découvert que cette fatigue intérieure était un cancer.
Elle a été foudroyée par la force de ce mot, aussi intense qu'injuste, elle a sombré, elle a été recueillie par ses bras, lui qui soudainement a décidé de ne vivre que pour elle.
Follement, présent pour les examens, pour les avant-pendant-après chimio si forts, si fous, si douloureux, pour inviter les amis, force utile au lien social, pour aussi les annuler au dernier moment quand les larmes étaient trop fortes. Il lui a donné son coeur encore, ses bras toujours. Elle s'est consumée doucement. Il a pleuré sans lui montrer, devant son incapacité à la défendre contre cette gangrène intérieure. Il a lutté en silence, en apportant sa omniprésence, son épaule, en la prenant maintenant toute entière, petite bout de chair, entre le canapé et le lit. Elle n'était plus qu'une ombre, une vie floutée.
Ils s'aimaient, et un soir, il lui a pris la main, là devant cet oreiller, cette femme qui n'avait pas changé à ses yeux, ce coeur qu'il avait aimé, cette tête si frêle, ses yeux qui ne croyaient plus à la vie. Il l'a aimé jusqu'au bout, de toutes ses larmes, de cette main décharnée, dévorée, froide dans sa paume. Jusqu'au dernier baiser !
N'oubliez jamais vos compagnes, vos proches, vos amies !
A tous ceux que cette maladie dévore,
en totale injustice,
en brisant l'amour.
Nylonement
PS : Mesdames, ne refusez pas de passer une mammographie,
cela sauve des vies, celles des autres, la vôtre.
Modèle et Photos :
VJennifer MERENDINO par Angelo MERENDINO