Sous le soleil voilé de Printemps, entre deux nuages, je flânais sans but dans les rues, prenant les passages sous les arcades pour des portes vers d'autres univers. Une forte envie d'échapper à ce monde oppressant dont je ne comprenais plus vraiment les attentes et encore moins les objectifs futurs. Pour chasser les angoisses, je marchais vers une autre rue, pas après pas, un goût amer d'échecs dans la bouche.
Une nouvelle saison, du soleil donnant aux fleurs, aux cerisiers en particulier des airs de bonbonnières géantes emplies de parfums et de couleurs pastelles, mais je n'avais plus de saveurs en moi, comme un rejet de mes derniers choix de vie, une sensation profonde de rater tous les projets, toutes les étapes. Un refus de prendre d'autres décisions pour mon propre avenir, un blocage pour avancer encore un peu. Etais-je arrivé à ce point de rupture, ce pont trop loin ?
Mon chemin n'était plus qu'une errance, une sombre image de moi dans ce reflet sur une vitrine, un être vieilli par l'usure des nuits sans sommeil, par l'amertume des journées sans intérêts, par les problèmes sans solution.
Le Printemps étalait ses couleurs, il attisait les corps avec un peu de chaleur, doucement le matin, fraîcheur délicate d'une rosée avec les piaillements des oiseaux dans les jardins. Prudemment les après-midis où il chauffait les bancs pour que les anciens sortent enfin de chez eux, posent un nouveau regard sur le temps qui passe. Il poussait les vents légers vers les fenêtres, attendant de passer en courants d'air vers les chambres pour redonner un rayon de lumière en plus. Du tonus aérien, impalpable réalité d'un changement dans le calendrier, mais une sensation pour chacun de nous, une tranche nouvelle de vie, un bout de futur à attendre avec envie peut-être.
Je ne voyais pas tout cela avec l'optimisme instillé par le soleil, par les pétales virevoltant dans l'espace. Rien.
Des jeunes souriaient en partageant des vidéos ou des selfies avec leurs téléphones fusionnés au bout des bras, ils s'amusaient de ressortir eux-aussi dehors, sans contraintes, sans limites. Plus de frontières pour vivre pleinement leur jeunesse, leurs envies et leurs possibles excès, ils profitaient de tout cela, avec de nouveaux sourires.
Le ciel est bleu.
Mon coeur ne bat plus que dans des nuances grises, sombres. Respirer à nouveau, mais quand ?
Nylonement