Il est si difficile de trouver les mots justes pour en parler, pour lui parler, pour éviter cette phrase simple mais sans fond actuellement "Bonjour, comment ça va ?". La météo ne suffit pas à meubler l'approche de l'autre et puis toujours ce silence d'un début de discussion, ces moments quasi gênants sans trouver un angle pour parler de tout mais pas de la maladie, de sa maladie, uniquement d'elle et de sa maladie et de ce qui pourrait éventuellement tourner autour. Comme un puits en forme de cône, cela avale tout autour de la personne, un pente légère qui amène des phrases et irrémédiablement une glissade vers son état, vers ses dernières analyses.
Rien à vous dire, plus envie d'en parler, non pour oublier, mais pour espérer un instant de répit, une bulle intermédiaire dans des journées toujours auprès d'elle. Je n'existe plus, nous sommes là, les enfants devenus jeunes adultes, en pleine croissance et là soudainement en quelques semaines, en pleine évolution de maturité, pris par l'accélération du temps. Ensemble pour affronter notre petit monde, pour le réduire à l'essentiel.
Alors quand les infirmières spécialisées sont venus nous parler, nous avons exprimer simplement notre point de vue sur la situation. Nous ne regardons pas le verre vide, cette partie qui nous emportera vers une fatalité. Nous ne croyons que dans le vivant, dans cette partie pleine du verre, même si elle se réduit chaque jour, mais elle existe.
Conscients de la fuite, nous nous accrochons à ce peu.
Jusqu'au dernier souffle.