Sortir par ce froid glacial, dans une ville que l'on ne connaît pas encore, partie loin de chez moi pour un contrat, je flâne dans les courants d'air de l'hiver. Mais j'avais tant envie de voir ailleurs, de sortir de la bulle sans frontières de cette maladie, loin, un peu plus loin que mon salon en télétravail, un peu plus loin que la tour de bureau pour du présentiel au compte-gouttes. Personne n'était volontaire, et même si j'avais un rendez-vous avec une amie pour le week-end, j'ai sauté sur l'occasion pour partir.
Avec les instructions, un ordinateur avec la démo, les contrats et une petite valise pour quelques jours seulement, mais avec cette joie quasi infantile de monter dans l'avion pour aller ailleurs. Les sourires étaient encore cachés par le masque mais je suis allé ma caler dans mon fauteuil pour un voyage court mais profondément libérateur.
En arrivant, la neige partout, le froid et le silence d'une ville éteinte, le taxi dans la nuit, les lumières se reflétant sur les trottoirs blancs, les boutiques, quelques décorations de Noel ici et là, un hôtel silencieux lui aussi. Grand et spacieux hall d'accueil mais avec un nombre minimaliste de personnes en attente de business, pas de touristes ou si peu pour remplir ce grand espace. Pas de couples, juste des individus penchés sur leur smartphone ou leur ordinateur portable, un écran pour faire un duo. Je suis montée dans ma chambre, au douzième étage, avec vue sur la ville, sur la nuit et ses étoiles collées au sol dans les fenêtres des maisons. Après une douche tiède et lovée dans un peignoir, j'ai contemplé ce petit bout d'ailleurs, en croquant un plat du room-service.
Aujourd'hui après cette présentation, enveloppée dans mon grand manteau, avec mes cuissardes, je profite de chaque coin de rue, des vitrines, des personnes entrain de courir après des courses pour Noel. Je m'arrête devant cette magnifique vitrine de libraire, un oeil sur les livres dont je ne comprends pas la langue. Je suis ailleurs, dans une autre dimension, loin de mon cocon habituel, avec cette respiration libre.
Je marche sans but, je trottine avec mes talons sur des trottoirs dégagés, avec les sourires complices de passants jugeant mes cuissardes probablement inadaptées à la saison, je ris de cela, mais je vis dans ce bout d'ailleurs, je revis.
Nylonement