Est-il possible de croire à mon évasion ? De la rendre réelle pour sortir de cette prison sans barreaux ?
Aujourd'hui peut-être, je peux envisager cette opportunité. Un jour de repos, un jour seule, chez moi. Une journée sans horaires de travail, sans bip de réveil le matin, toujours trop tôt pour échapper aux embouteillages car j'ai abandonné les transports en commun. Les croisements trop nombreux avec des gens, des individus si individuels pour respecter les consignes d'hygiène, je ne pouvais plus supporter tout cela. Car au-delà du savoir-vivre il y avait le savoir vivre ensemble. Une crise mais surtout une résurgence de l'individualisme profond, du pouvoir de l'anti-communauté en promulguant chaque jour sa liberté propre d'être seul dans un monde de sept milliards de personnes. Alors moi aussi je prends ma voiture, seule, parfois avec un collègue habitant à proximité quand nos horaires et agendas concordent, je roule dans ma bulle, dans le flux lent et mou des voitures.
Aujourd'hui je suis restée dans mon lit, un peu plus longtemps car les besoins naturels primitifs vous rappellent que chaque matin, vous allez vous libérer à la même heure. Le chat en a profité pour se lover sur la place chaude dans le lit, je l'ai poussé et je suis magiquement rendormie. Une douche, et un moment nue, sans but et sans horaire, je suis restée là à me demander ce que j'allais pouvoir faire de ce temps libre. Enfin. Pas encore prête à cette journée à possiblement rien faire.
Rien, un moment immobile et moi, nue.
La chaleur de la douche disparaît, je glisse vers ma chambre, j'ouvre ma commode pour choisir mes dessous. Confort ou séduction, je suis seule aujourd'hui mais je peux aussi prendre un peu de temps pour laisser le confort du travail et du quotidien pour choisir un ensemble en soie par exemple. Une petite folie achetée durant les dernières soldes, mise une fois et oubliée là. Soie rouge, piment coloré sur ma peau blanche d'hiver de routines journalières, je suis tentée. Lâcher-prise ainsi, ce serait bien de prendre du recul, de prendre le temps de m'aimer un peu, égoïstement, d'être féminine et sensuelle juste pour moi. J'agrafe le soutien-gorge, laissant ma poitrine se poser dans les balconnets, naturellement, en souplesse. La douceur m'enveloppe, encore plus en me faufilant dans une culotte haute si élégante, et si vaporeuse de soie et dentelle. Je me sens bien.
Collant ou bas, j'aime la liberté des deux, mes jambes sont mes atouts de femme, j'aime en abuser pour les montrer mais aussi les cacher, les dévoiler quand je veux seulement. Des bas seraient bienvenus car si doux, si délicats sur ma peau. Et puis cette liberté si personnelle sur le haut de mes cuisses. J'aime cela. Une robe, un pull, le compromis des deux avec cette robe-pull en laine et soie, je profite de ce confort chaud. Quelques boutons, je retourne pour un maquillage sobre, une touche d'eye-liner.
Une touche de parfum, je revis avec le chat qui se frotte autour de mes mollets. Pas d'escarpins, des ballerines, des livres, un grand thé chaud, de la musique, pas de médias pour rester dans cette bulle de protection. Je me sens bien. Un peu libérée.
Nylonement