Ce mois de décembre qui débute à peine, un pas de plus vers l'hiver, et déjà cette sensation molle mais bien présente qu'il sera trop long. Comme cette année d'ailleurs !
Pourquoi mettre douze mois dans un calendrier qui ne permet pas de savourer nos libertés, la météo et ses nuances de gris renforce la pression pernicieuse des minutes, des heures et de journées décidément trop longues. Cette période particulière où chacune se lève dans la nuit, pour une douche et un petit déjeuner sans consistance, dans le halo d'une lumière synthétique, loin des doux rayons du soleil matinal d'été. Une traversée de force dans les transports et le travail avec des personnes aussi grises que le ciel, et tout cela pour revenir chez soi, dans la nuit de nouveau, avec la fatigue accumulée en bonus sur les épaules. A ce mois de décembre semble plus foncé, moins nuancé que les précédents, emportant avec lui nos derniers ressorts d'énergie.
Au loin des lumières, des étincelles, des clignotements dans le noir, au bout là-bas, des sapins et des guirlandes, un peu d'espoir pour croire encore à une vie normale. Le sera-t-elle un jour à nouveau ? Rien ne nous fait croire à une possible magie, encore moins des vaccins illusoires, encore moins les poches vides des amis, les visages affligés dans les queues des restos du coeur. Qu'espérer dans ce noir qui absorbe nos libertés ?
Peut-être un peu de chaleur ?
Là une voisine a aidé, a conforté en gardant la bonne distance mais en partageant des mots, une espérance d'un prochain calendrier plus lumineux. Par ici, des boutiques enfin réouvertes, des commerçants que l'on n'a pas oubliés, bien au contraire, on passe les saluer, on s'arrête, on cause, on prévoit des idées de Noël, plus local que les autres années. Ces vagues n'ont pas eu le même impact sur les unes et les autres, alors en prenant le temps, on peut se retrouver un peu. Là encore on mesure cette proximité immatérielle qui nous relie dans une toile fine, distendue parfois mais bien réelle, ces liens entre nous. Là-bas malheureusement deux rideaux baissés, l'espoir a fui ailleurs, ce restaurant tout neuf, avec des jeunes gens si dynamiques, emporté dans un dernier reflux. Tristesse en passant devant, leurs menus du jour si simples, si frais et si bons ne sont plus là.
Heureusement il reste un peu de chaleur chez nous, sous les pulls et les étoles, emmitouflés et amoureux. Collés l'un à l'autre dans un silence relatif, la radio ou la télé en fond, assommés de fatigue et de grisaille, de doutes et parfois de douleurs, mais collés l'un à l'autre. Chaleur et amour, notre recette évidente du bonheur !
Nylonement