Suivre les mots de mon livre, dans l'attente d'une prochaine mission, je suis coincé dans ma voiture, je patiente. Là dehors, entre le vent qui souffle et le froid piquant, je regarde le défilé des femmes et des hommes. Chacun lutte avec ses moyens contre la température et ses quelques degrés, des doudounes, des manteaux longs, des trenchs avec des écharpes, voire des étoles, parfois même une troublante impression d'une couverture emportée sur les épaules. Je ris de cette débauche de couches, de surcouches, de montagnes de laine même pour ceux qui s'enveloppent déjà d'une capuche digne d'un convoi arctique. Sont-ils vraiment raisonnables ?
Et puis il y a une fée, venant d'une autre planète, juste avec cette robe pull noire, une veste dessus, une écharpe de cachemire fin, un sourire chaud comme le soleil, elle traverse la rue, virevolte sur les pavés, saute sur le trottoir. Elle porte un rayon de soleil dans ses cheveux blonds, elle doit venir des pays nordiques, sortie d'un carton ikea par hasard, réchauffée dans la grisaille locale. Rien ne l'affecte, elle téléphone, rigole en cherchant la rue ou l'immeuble où elle doit aller. Les coups de vent se renforcent, elle les laisse filer, les jambes nues, elle n'a même pas opter pour un voile opaque plus chaud, elle se sent si bien ici.
Elle papillonne, cherche dans son sac sa boîte de maquillage, une palette de nuances roses. Une touche de blush avec son pinceau, elle sourit à son miroir au milieu des autres aventuriers de l'extrême. Ils passent, ne veulent pas la voir, trop fragile, déjà congelée à leurs yeux. Le soleil brille, elle croque un autre rayon, et de ses talons, elle picore le macadam vers ces portes de verre. Entre deux paragraphes de mon livre, elle a disparu.
Nylonement
par Gentleman W