Oh combien me manque ce soleil, cette chaleur qui savait tous les jours m'embrasser dès le matin, sur la terrasse de la chambre que je partageais avec ma jumelle. Là-bas, dans ce pays adoptif car mon père avait eu la bonne idée d'y travailler, nous avions pris nos racines, croquant chaque journée comme un bonheur acidulé.
Petites filles dans un patio ombragé, entre plantes vertes, quelques arbres et le glouglou de l'eau pour rafraîchir le tout, nous avons tant joué, avec pour seules contraintes, les repas avec les nounous locales. Des femmes formidables, des souvenirs immenses, des chants et surtout des sourires en partageant cet immense plat de semoule et de légumes, j'aimais le sentir fondre sur ma langue, doucement, libérant ses arômes délicats, sa finesse, le jeu de leurs mains qui l'avait façonné. J'étais heureuse, les premiers pas à l'école furent un nouvel espace, des nouveaux rites, un mélange savoureux d'enseignement et de cultures en fusion. Nous avons si bien vécu, jusqu'au départ vers un autre pays plus au sud, vers d'autres projets paternels. Je garde d'elles des habitudes de maquillage, des rites de lavage de mes cheveux avec de l'huile d'argan. Ces parfums uniques, je les ai retrouvé bien plus tard après mes études en métropole, un voyage organisé par les élèves, pour une semaine d'immersion dans cette école de commerce. Un coup de coeur profond, des souvenirs à la pelle.
Comme aujourd'hui d'ailleurs, cette chaleur qui me manque, cette sensation du vent chaud, indiscret sous mes tuniques, frôlant mes jambes, caressant mes fesses, mon dos, mon corps entier. J'aime chaque année y retourner pour me fondre dans la population, dans cette culture qui est mienne, dans ces lieux qui sont parts de mon histoire. J'aime croiser ces femmes, partager encore avec elles leurs rires. Cette chaleur du coeur !
Unique et intemporelle !
Nylonement