Vivre une semaine intense entre les défis du travail, des projets en bonus pour occuper les heures qui manquent dans une journée et puis les loopings de douleurs invisibles. Voir les minutes s'envoler, suivre les heures qui filent à l'horizon de mon cadran de montre, et soudain s'arrêter pour vous écrire, plus exactement pour délivrer des mots bloqués en moi.
Quelques clics, internet et son vide rempli d'informations vides, comme une accumulation de bulles étanches, entassées, prenant de l'espace, sans lui donner de contenus réels. Du rien qui vous oblige à chercher la réelle substance d'une connaissance, d'un savoir, d'un début de culture, plus encore d'une émotion. Perdre son temps ou l'occuper à rien, chacun, chacune saura juger de sa volonté de s'enrichir les neurones.
Mais ce matin, il y a la foudre du temps, ce moment où l'on arrête le sien, où le remontoir ne fonctionne plus, les aiguilles se plantent dans le sol. Azzedine ALAIA est mort, il est parti dans un paradis de cuir, d'étoffes nobles, de douceurs infinies. J'avais une profonde admiration pour le génie, le mot est faible pour le décrire. Car si il faisait si petit, si frêle dans son costume strict noir à côté des top-modèles des années 80-90 si grandes, perchées sur des talons vertigineux, il était le plus grand des couturiers vivants. Un esthète absolu, un sculpteur de courbes, un homme dont le regard soulignait les silhouettes des femmes, de toutes les femmes, de toutes les cultures et de toutes morphologies. Certes les photos des modèles, vous les connaissez, mais lui recevait les femmes dans son atelier, loin de la folie des défilés officiels (d'ailleurs il ne respectait pas, il ne voulait jouer à ce jeu d'obligations annuelles de nouvelles collections), il les regardaient, parlaient, partageaient le thé oriental. Ensuite il adaptait les lignes, les sinueuses courbes d'un buste, d'une taille, des jambes à ses robes, à ses tailleurs, pour un sur-mesure inégalable, pour donner de l'allure à toutes.
Sculpteur de mode et amoureux des femmes !
Génial esthète discret, je ne tarirai d'éloges sur son travail, je me souviens de la réouverture du Palais Galliera à Paris, avec une exposition, trop courte, des modèles. Il y avait de l'allure, tant d'allure, un tourbillon de féminité, de liberté et de glamour.
INOUBLIABLE Azzedine ALAIA !
Nylonement
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