Automne, saison sur un calendrier déboussolé, journées variables pour ne plus croire la météo. Elle a attendu celui qu'elle aime sur ce banc, en lisant un livre, en flânant entre les mots peu convaincant de cet auteur, laissant partir ses pensées vers le ciel.
Puis le vent a soufflé son chapeau, comme un signe, appelant d'autres mouvements, emportant les feuilles dans des tourbillons, poussant le roux d'un coin à l'autre de cette rue. Elle s'est levé, refermant son trench rouge sur elle, cintrant sa taille avec la ceinture, le regard vers ce bar. Là-bas elle sera à l'abri des premières gouttes ou de toute folie humide et chaotique des nuages gris maintenant présents. Le livre est posé sur le marbre, son sac aussi, elle commande un café noir, un verre d'eau. Quand arrivera-t-il de ce rendez-vous important pour sa carrière ? Si cela dure, est-ce un bon signe ? Un changement à l'horizon mais un avenir plus motivant, doit-elle s'inquiéter pour lui ou le laisser gérer seul ses choix ?
Elle regarde dehors, ce sol qui s'assombrit, les premières gouttes, les pas qui s'activent pour traverser, les sacs trop pleins où les parapluies pliants se cachent. Le jour devient presque nuit, l'orage éclate, le banc, là-bas est trempé, dégoulinant de partout, les feuilles se collent. Heureusement elle est ici au chaud, la robe légère, ses bas nylon cachés dessous car ils partagent ce plaisir glamour, ses beaux escarpins rouges sur ce voile finement taupe. La pluie s'acharne, les passants courent maintenant, sautent dans les flaques malgré eux, le ciel tombe sur leurs têtes.
Puis le vent d'un coup de main, large, sans concession pousse ce déluge vers un autre quartier, le soleil pointe, sèche déjà les vitres, les feuilles et quelques recoins de trottoirs. Il est là, la tête dépassant de la bouche de métro, il sourit, la cherche aux quatre points cardinaux. Mais comme toujours la magie opère, il la voit, lui fait signe et marchant prestement vers elle. Encore quelques secondes, ils seront serrés l'un contre l'autre.
Nylonement