Pour mille raisons, j'aimerai tant oublier ce nom, celui qui fût le sien, puis le mien, du moins le nôtre quand nous nous aimions. Encore !
Quand tout ceci n'était que bonheur avec des sentiments, avec des enfants, des balades, une maison, des jours heureux et puis la fêlure de la routine, les habitudes du boulot, l'ennui et la fatigue, les causes devenant les conséquences, l'usure. Le vide, même si nous avons cru à un retour, à une possible autre opportunité d'être de nouveau un couple, mais lui, mais moi, mais tous les deux, nous n'y croyons plus déjà. Un autre homme, un collègue, lui et son boulot, même si je soupçonne une charmante collègue ou cliente d'avoir partager des séminaires, bref des infidélités dans un couple ou il n'y avait plus de lien. Le vide plus présent.
Nous nous sommes séparés, mais l'administration s'est acharné à me planter des aiguilles sur le corps, un tatouage involontaire, son nom, indélébile. Toujours ce nom, ici sur un compte en banque, ici sur des actes de propriété, des factures, des rattachements inodores quand tout va bien. Déjà cinq ans que je suis loin de lui, avec un tribunal minable qui fait traîner avec bonheur les divorces. Des frais et surtout des papiers, toujours plus de papiers, de justificatifs et toujours son nom. Comme une interdiction d'être moi-même et pourquoi une autre. Je suis bloqué dans le système, victime d'un complot nominatif, souhaitant non pas redevenir une jeune fille, mais appartenir à une neutralité agréable, celle de ma carte d'identité, de mon permis de conduire. D'ailleurs je ne suis qu'un prénom pour mes collègues, pour mes clientes, pour mes enfants. Et pour lui aussi !
Mon nouvel homme, mon compagnon, pas mon mari, d'ailleurs aurais-je envie de me remarier ? de prendre son nom à lui ? Est-ce vraiment une preuve d'amour ou de soumission naturelle à un machisme naturel hérité depuis des siècles ? Je veux rester un prénom et un nom machin, celui de ma famille et pour autant l'aimer ce monsieur truc. Que la vie semble plus simple sans ce détail, mais toujours agaçant quand il faut mettre à jour des papiers, pour des choses personnelles, qui ne concerne que moi en propre, et le dessous de l'iceberg qui resurgit. Avec toujours cette question sur mon statut de femme mariée, divorcée ... mais qu'est ce que cela peut leur faire, je suis amoureuse, c'est tout, juste une femme amoureuse.
Vivement que ses bras m'entourent, ses mots, mon prénom. Lui et moi.
Nylonement
Mots & Emotions