"Pourquoi il pleut, maman ?"
La petite main dans la mienne, le souffle de vent dans nos manteaux à peine la porte de notre immeuble ouverte, nous voilà dehors, sous les gouttes un peu fraîches du matin. Pourtant c'est le printemps, mais les giboulées se succèdent. Nous marchons vers l'école, sur le trottoir humide, quelques flaques d'eau. Hésitation en moi, aurais-je dû lui faire chausser des bottes, les rouges avec les pois noirs de coccinelle ? Un doute avec nos ballerines qui mouillent et pourtant la pluie cesse aussi vite que le vent disparaît. Une autre rue, plus rien, sauf ce sol mouillé. Printemps de désordre météo.
Impossible de savoir quelle tenue leur mettre, j'ai pourtant opté pour une jolie robe avec un collant opaque, idéal pour courir, jouer dans la cour, être élégante durant la chorale. Un petit manteau, un caban court, j'ai le même dans plusieurs couleurs, mais elle préfère celui en rose poudré pour l'école. Elle est ma touche de couleur, le soleil permanent de mes journées. Nos pas vers la porte de l'école, la directrice nous dit bonjour, nous accueille comme chaque jour.
Ma fille m'embrasse et m'oublie aussi vite, déjà partie vers ses amis, ses camarades classe, dans son espace de rêve. Chaque soir, elle me raconte ses aventures, ses courses folles, ses marelles avec les copines, les bons et les méchants qui chaque jour changent. Une liberté, une insouciance de petite fille.
Moi je cours alors avec mes ballerines trempées vers le métro, trente minutes pour sécher dans la foule, dans le bruit et les odeurs, au milieu des têtes endormies ou somnolentes avec leurs écouteurs. Je lis. Je m'évade dans d'autres dimensions sages ou follement romanesques. Vivement ce soir après ce job alimentaire, pour la retrouver, ce rayon de soleil, ma fille.
Nylonement