Non, définitivement non, je ne suis pas une pin-up.
Pas plus que je ne suis cette femme idéale aperçue à chaque page de publicité dans les magazines féminins ou à la télé, je ne ressemble pas à cet ersatz de jeunisme. Je suis moi, jeune fille devenue jeune femme, passée par un mariage heureux, maman de deux enfants qui eux-mêmes grandissent trop vite. Je vieillis, je bouge entre métro-boulot-dodo, mais avec les options nombreuses comme courses, taxi pour l'école et la danse, mais aussi pour le judo et le badminton, avec un peu de ménage en rentrant aussi, ou la délicieuse option repassage. J'oubliais aussi les repas, heureusement, mon homme est aussi présent, il adore nous préparer des plats pour les soirs de semaine, il appuie lui aussi sur les boutons de l'aspirateur ou ou de la machine à laver. Une version moderne du mâle, qui nettoie la salle de bain après le passage de toute la famille et même les toilettes. Pas non plus un modèle parfait mais avec un coeur tendre et des bras chauds. Bref les semaines passent, les années tout autant. Et plus je regarde les pages de publicités, moins je me vois dans les crèmes rajeunissantes mises en avant par des mannequins tristes, des corps filiformes et surtout n'ayant pas encore atteint la vingtaine. La mode, je m'en accommode, je picore les tendances pour les robes, les jupes, les couleurs. Oui j'ai une faiblesse, une énorme faiblesse, une gigantesque faiblesse pour les chaussures. Tous les modèles ; bottines, bottes et cuissardes pour l'automne et l'hiver à venir, mais surtout pour les escarpins, tous les jours de l'année. Lui aussi apprécie ce détail, cet accessoire qui supporte ma silhouette.
Car je suis bien une pin-up, dans son regard, dans nos instants complices en faisant des courses ensemble, durant les soldes, pour des essayages nombreux, pour craquer pour une tunique bleu électrique et une ceinture large, pour cette jupe évasée dégotée dans un coin, sur un simple coup de coeur. Il sait me suggérer des idées, me pousser à les essayer, me surprendre même avec des achats toujours impeccables sur mes courbes. Son regard, ma fierté, mon bien-être, celui d'accepter mon corps dans le miroir. Pourtant, comme les copines, je suis critique sur moi-même, trop le plus souvent. Alors je fais du sport pendant qu'il cuisine, je marche, je cours, je sautille au cours de taïso. Je trottine sur mes escarpins pour allonger naturellement mes mollets, je souris en pensant à son regard délicat sur ma nouvelle tenue, quand il reviendra le soir. Je suis moi, je me sens encore plus femme, toujours plus séduisante, sans les crèmes miracles et les idées régime ou chirurgie des revues. Je vis mes journées avec mon âge, je m'assume totalement avec mon corps, et cela fait un grand bien.
Et quand j'enfile doucement sur mes jambes des bas nylon, c'est d'abord pour moi, mais aussi pour son coeur amoureux. Quand j'attache mes jarretelles, je sais qu'il saura les découvrir d'une main subtile sous le tissu fluide de ma jupe. Quand je glisse ma poitrine dans un balconnet de dentelle fine, je devine ses yeux experts pour l'apercevoir sous mon chemisier de soie. Quelques coups de brosse dans mes cheveux, mes boucles d'oreille, un trait d'eyeliner, une bouche rouge comme le vernis de mes ongles.
Je suis une pin-up.
Celle d'un amour infini et complice.
Nylonement