Un souffle d'air, une nappe en liberty rouge, une lumière forte venant de la véranda, les pots de fleurs jouant les ombres chinoises, je pose mes ciseaux sur la table. Elle est là, ma petite fille devenue au fil des années une jeune femme. Etudiante en lettres, elle est venue vers moi, dans ma petite maison de bord de mer pour deux semaines, avant sa rentrée d'octobre à l'université.
Complices nous sommes, heureuses de partager nos deux vies sous le soleil de septembre. Elle avait envie de nouvelles robes, nous avons conjugué les balades dans les magasins, dans le centre commercial local, elle m'a même emmené vers la ville un peu plus loin avec son permis de conduire flambant neuf. Des essayages, beaucoup de rigolades, des vendeuses soit peu motivées voire même désagréablement incompétentes, soir des personnes attentionnées pleines de bons conseils et de sourires. J'ai aussi essayé quelques modèles pour rajeunir mon look m'at-elle dit, avec sa joie habituelle. Ma petite fille est toujours une boule d'énergie et de créativité, et lorsque j'ai proposé de coudre ensemble, elle a sauté jusqu'à la boutique suivante. Celles des tissus !
Nous sommes reparties avec des mètres de coton imprimé, de jersey fluides, de sie aussi, et même de mousselines pour des froufrous. Oui son envie était de voir sur elle, des robes d'esprit vintage, un peu 60's avec des jupons mousseux, des corolles souples et voluptueuses. Alors dans le grenier, dans un carton annoté couture, nous avons trouvé des modèles, des photos et des patrons en papier. Prise de mesures, notes au crayon gras sur un bout de feuille rose, calculs et choix des tissus, discussion sur le futur rendu, changements, traçages avec la craie, découpes. Voici trois jours que nous créons des jupes, des robes, des jupons aussi. Un voyage rétro, une joie commune, un voyage dans mes souvenirs, et puis ses idées nouvelles comme ces deux bandes en transparence dans le tombant de la jupe. Je ne compte plus les coups de ciseaux, les fils emmêlés avec la machine à coudre, les corrections. Je ne garde que son sourire quand elle revient dans la véranda, en pleine lumière, glissée dans une des robes. Ses yeux, sa bouche éclatante de bonheur, nous !
Un si beau mois de septembre.
Nylonement