J'ai envie de ce sourire, plus encore aujourd'hui pour la fête des pères, cet absent en face de moi, en face de mes mots, de mes sentiments. Heureusement j'avais avec moi, mon autre homme. Mon futur mari, pour ce mariage en été, tout proche, sous le soleil forcément, si rare en ce printemps. Nous étions là avec cette béatitude, ces sourires permanents, dans cette bulle unique de bonheur qui dure depuis l'annonce, en route vers le jour j.
Je suis passée prendre ma mère, en voiture, pour aller au restaurant en ce jour, simple réflexe familial annuel. Je sais qu'il lui manque, indéfiniment, depuis bientôt deux ans. Peut-être pour avoir été fusionnels durant plusieurs décennies, aussi amoureux face à l'injustice de la malaldie invasive, pour croire toujours à une existence, une possible renaissance alors que chaque jour elle ressent un vide. Sereine elle est pourtant, avec les amis, ses copines de bridge, ses voisins et toutes les personnes croisées régulièrement du fait de ses multiples activités, dont les restos du coeur. Elle est occupée. PLus encore depuis des mois avec la préparation du mariage, le choix des invités, celui plus ambitieux de la robe blanche, avec une touche de tradition, vace ce bandeau de dentelle venant du voile du mariage de la mariée précédente, ma mère. Depuis plusieurs générations, c'est ainsi. Une complicité, des instants sereins ensemble. Une belle robe, une traîne courte sur une robe sobre un brin sixties pour l'église, une autre robe plus courte pour la soiré, au gré des danses. Inspiration vintage aussi, plutôt fifties. Que de rires aux essayages, nous étions, nous sommes une famille. Son futur gendre, présent auprès de moi depuis plus de cinq ans, est comblé de petits plats, pendant qu'il assure le bricolage de la maison. Une caricature qui nous rassure, car sincère et souriante.
Alors là, nous deux dans notre petite voiture, nous parlons de tout cela, des soldes à venir. Cependant je ne peux résister, attendre le dessert come prévu. Je lui annonce que je suis enceinte, là, droit dans les yeux, oubliant le feu passé au vert. Des klaxons impatients, un silence, son regard pour confirmer mes mots, sa joie. Tout est là.
Nous roulons sans rien ajouter, dans un silence heureux. Rien de plus. Bonheur intense, sa main sur la mienne. Je suis si enjouée par ce mystère en moi depuis trois mois, par cette future naissance. Maintenant elle sait aussi. La famille va reprendre son cycle d'expansion, comme un nouveau monde, un futur bébé.
Sa robe noire élégante comme toujours, mais aussi un deuil trop longtemps porté, elle sera avec nous pour la mariage, la fête et les premiers babillements de fin d'année. Des larmes quand elle pense encore à lui, son mari, mon père, mais aussi de la joie d'être grand-mère pour la première fois.
Le repas fût délicieux, entre deux nausées, avec des envies nouvelles de citron et d'agrumes en général. Nous avons reparlé des détails du mariage, du soleil attendu, commandé obligatoirement, du parc avec des pommiers pour que tout le monde discutent durant l'après-midi en grignotant, en croquant des bulles de champagne. En ajoutant des sourires, des envies de layette, de petits chaussons. Il ne manquait rien, sinon un rayon de soleil sur les fenêtres, ses bons mots à lui aussi, même si à travers nous, il était présent. Jamais je ne suis sentie aussi fière, femme, future épouse, fille et future mère. Simplement !
Nylonement