Attendre, attendre encore, attendre encore un peu, espérer.
Les jours, puis les semaines, puis un mois, deux mois, le temps s'écoulait trop vite pour partager toute l'intensité de nos sentiments, pas assez vite pour vivre pleinement le nectar de nos émotions.
Mais je n'avais plus envie d'attendre, le soleil était là, fugace entre deux nuages, dans ce ciel moutonneux, des teintes de gris clair, des arrondis plus foncés, des masses entassées de gris sombre, la pluie déjà là. Tant pis, je ne voulais plus patienter, sortir devenait un exutoire obligatoire, un mouvement fou après tant de douleurs immobiles, l'espoir était en bas de l'escalier.
J'ai pris mon temps, reconsideré le paysage derrière les vitres, refermé mon manteau. Des bottes, un pull chaud, un pantalon, une bouffée d'air, mes premiers pas dehors depuis si longtemps. Enfin !
Libre !
J'ai pu marcher, doucement certes, comme des pas incertains, sur un trottoir cotonneux, une envie de progresser encore comme saoûlée par l'air frais, par les fines gouttes d'eau. Une rue, deux rues, encore une, quelques personnes, un monde différent de ceux de mes dernières semaines, pas de murs blancs, et des coups de vent. Inspiration, bouffées de chaleur, froid ressenti, courant d'air, ma peau jouait à revivre au naturel.
Quelques pas, une pause, un banc, ce n'est pas l'âge mais le manque de force, contrecarré par une folle envie de vivre, encore, là j'ai marché sagement vers l'entrée du parc. Là-bas derrière les jeunes feuilles vertes, tendres et plissées, derrière les bosquets, une plaine, des arbres alignés. Des cerisiers, vivants, étincelants sous cet arc-en-ciel mêlant le soleil et la bruine, des milliers de fleurs blanches. Des boules géantes d'étincelles douces, des reflets, une beauté du cycle de la vie, du printemps revenu. Des fleurs, partout, des pétales au sol, un tapis féerique, quelques personnes captivées par ce spectacle sublime. Je me suis assise sur un coin de banc, subjuguée par ce signe de renouveau.
Heureuse !
NYLONEMENT