Je le savais tendu par un projet personnel, par d'autres pressions familiales, mais il restait digne, surtout endormi dans l'oreiller, la tête plongée au coeur de mon oreiller. Un réflexe quotidien pendant que je prenais ma douche, que je me maquillais, il bougeait juste un peu pour se coller dans mon parfum.
Une première bouffée d'air empreint de mon odeur, de celle qui le faisait rêver depuis notre première rencontre, disait-il. Le moelleux du tissu, la tendresse de ses mains comme accrochées à mes courbes, je l'observais par reflet dans le miroir, je l'aimais ainsi. Fragile, totalement dénudé, une fesse à l'air, une jambe nue en dehors de la couette, il était sans résistance, sans protection quand il était dans notre lit. Depuis des années, jamais il n'avait osé se donner intégralement à l'autre, pour ne pas souffrir de s'être dévoiler, avec son corps mais surtout intérieurement. Par étapes, au gré de notre amour grandissant, quand nos sentiments s'étaient affirmés avec une profonde vérité, il s'était ouvert, plutôt découvert, n'opposant plus de limites, de frontières ou de mots pour se donner infiniment. Ce lâcher prise était peut-être une preuve d'amour, mais surtout une quête de liberté commune. Rien ne pouvait nous atteindre quand nous étions là, nus, enlacés, en silence ou dans du tourbillon charnel intense, dans nos cris, nos larmes, nos joies, les câlins nous rendaient invincibles. Simplement notre bulle de sentiments, si forte.
Et chaque matin, malgré le temps qui aurait dévorer de sa routine certains couples, nous sortions en douceur de cette bulle pour affronter la vie, le quotidien bruyant de nos métiers. Il savourait encore un peu de moi, le nez dans ce nuage voluptueux. Je déposais un baiser sur son dos, délicatement pour passer de la réalité jusque dans ses rêves.
Nylonement