Elle est blottie contre la vitre du train, le paysage défile derrière elle, sans limites, au gré des à-coups. Un cocon bruyant et régulier, cajolant son sommeil lourd, tout frémit, dans la ligne droite immuable des rails.
Elle rêve dans un pull rose angora, son casque rivé sur les oreilles, ses lunettes rectangulaires cachant ses yeux clos. Bloquée par son sac, son manteau roulé en boule, pliée entre deux parois de ce RER, elle voyage sans heurts, en position quasi foetale. Maxi-confort, elle négocie avec la nuit, son départ trop tôt, ses heures de sommeil en moins, ses instants de récupération loinde son lit, vers son travail ou ses études. Un aiguillage, un sursaut, le train qui file encore dans le noir. Ses baskets font office d'amortisseurs dans les chaos du wagon, ses cuisses fuslées dans un calçon en lycra noir, fléchissent, absorbent, rebondissent sans troubler son repos.
Un sourire, un visage endormi, plein de bien-être, elle plane dans la nuit d'automne. Partie loin de nous, la tête sur son écharpe de laine grise, elle glisse sur les ombres du paysage, maisons, immeubles, parcs ou usines, des formes silencieuses. Un tableau endormi dans un mouvement bien réel, épris de vitesse, elle est sereine, harassée par les dernières journées, les derniers partiels, un livre qui dépasse en témoigne. Pas de téléphone, pas de sonneries, la foule du matin sommeille aussi, remplit des cases de sudoku ou suit les méandres politiques des informations inutiles. Ses mains délicates, son pull, sa tête câlée, elle dort pour couronner cet excès d'énergie, de stress et de travail. Première retour mérité dans sa famille avec en ligne de mire les fêtes de Noël, elle se libère de tout, plonge encore plus dans le réconfort. Relâche, mais toujours avec un sourire dans son sommeil !
Nylonement