A moins que cela ne soit le côté obscur de celle-ci, mais ce matin, elle était présente. Devant moi. Sur ce quai de gare (non aucun n'aéronef n'arrive en retard), un lampadaire sans a^me lumineuse, définitivement éteint, le côté obscur occupant l'espace de cet hiver froid.
Dans cette pénombre, je n'ai rien vu, sauf ce nuage blanc, trouble, celui d'une respiration, d'une forme absorbée par le noir total. Un mouvement lent, dévoilant un reflet venant d'une lumière lointaine sur des bottes hautes, noires bien sûr. Un cuir luisant, parfait, avec pour unique motif et symétrie un zip métallique, vertical. Cuir immaculé, deux bottes droites, des jambes moulées de noir opaque, très opaque, un noir intense et mat, jusqu'à une jupe trapèze. Du néoprène strict, conservant sa forme, impeccable. Un manteau, caban noir et neutre, cintré par une large ceinture, entrecoupée de bandes argentées, une capuche, une stature immobile.
Dans un ralenti contenu suivant sa rotation, une lumière bleue m'a surpris, du noir sortait un visage. Partiellement caché par le bord de capuche en fourrure, une princesse, une douceur féminine, deux yeux brillants, un sourire, un autre nuage de respiration, la sienne, son regard penché vers son écran bleu. Une application info-traffic. Une jeune femme perdue dans la galaxie des rails. Une mode sobre et élégante, bien dans son époque, un besoin de résister au froid, elle patiente pour son retour.
Soudain le vieux panneau publicitaire inactif, étient émet un son, un vrombissement, une étincelle. quelques clignotements épars et enfin une lumière. Un néon rouge ! Une présence supplémentaire sur le macadam solitaire, telle une apparition. Elle se tourne, constate, sourit. Ses yeux brillent avec cette clarté écarlate.
La force est bien là, tapie sous cette publicité vantant les voyages terrestres, avec sable chaud, mer bleue et cocotiers. Un autre univers sans hiver. Et par hasard, par miracle même, le vaisseau est arrivé. Ah non, pardon juste le train !
Nylonement