Allumer le portable, taper le mot de passe, attendre quelques secondes, accéder à son blog, lire au passage quelques commentaires, quelques messages d'amis, écrire.
Un lien avec des mots, un instant différent, un contact difficile au début, quand encore le papier était une source de bonheur, que l'encre glissait sous la plume et donnait le miracle de textes, réussis ou non, associé à un accouchement d'émotions.
Un acte accompli quand il est fini, un acte brouillon quand il démarre, avec des rituels, j'écris avec un thé chaud, tiède puis froid, renouvelé plusieurs fois dès le matin, en journée, durant la nuit. Ecrire est une route inconnue, mais avec pour seul véhicule, dans mon cas, un simple vélo, non pour l'effort, mais pour la routine du pédalage, la lenteur contemplative des extérieurs. Mon voyage est lui intérieur, les mots en découlent, sobrement, simplement, toujours présents.
Tapoter, taper, s'envoler avec les touches du clavier, suivre le chemin des voyelles et des consonnes, ne plus savoir pourquoi, mais comment aller au bout d'une idée, d'un mot, d'une phrase. Avec un point juste derrière. Inégales montées ou descentes, je suis les dénivelés, fuyant les mots complexes, les conjugaisons laborieuses, les arrêts silencieux, le temps d'un pause. Une tasse de thé, un regard dehors ou sur une image, je reprends mon idée, je me débats dans ce maelström difficile, dans ce tourbillon d'une fin possible, d'un texte court ou d'une nouvelle plus longue, avec un sujet qui parfois tombe dans le fossé. Heureusement je rebondis, je repars, je suis le fil du clavier, j'aiguise mon instrument avec les sentiments, avec ma force intérieure pour écrire encore. Pour moi, pour vous, pour elle, pour tous, juste pour moi, j'écris tant ... que je ne sais plus ce que j'ai écrit. Ici et là, à découvert ou sous couvert d'un pseudonyme, je m'enfuis avec les mots, je roule encore sur des chemins, loin des routes habituelles, ne comptant plus les kilo-mots, les tonnes de virgules et de points. Libre et esclave de mes mots, je ne peux quitter ce voyage quotidien, à tout heure, simplement.
Simplement indispensable.
Simplement anodin.
Simplement viscéral.
Simplement en moi.
Nylonement