Curieux je suis, non pas de le sens de la définition malsaine que l'on donne trop souvent à ce mot. Dans la version insatiable de savoir, de connaître et surtout de comprendre mais plus encore de m'évader. Alors mon regard est différent peut-être un peu du vôtre, car si je suis parfois contemplatif, dans la durée d'un mouvement de travelling lent autour de moi, en regardant courir les affolés de la vie, mais finalement dans un ralenti intérieur. Je note, je décortique, je vois des détails qui vous échappent, je ferme les yeux et la suite défile.
Curieux ou chanceux, car quand vos yeux sont encore collés à votre téléphone mobile, à vos chaussures et suivent le vide de l'existence, à moins qu'ils ne décollent pas de vos jeunes enfants, par sécurité; Ainsi je vois des situations, des instants, des personnes au milieu des autres, je les ressens différemment, je les extrais de la foule, les exfiltre pour ne voir qu'eux, dans un décor absent.
Hier, assis sur un banc, évitant les crottes de pigeons, oubliant les cris des enfants, tournant le dos à la fumée des différentes cigarettes ou autres fumettes locales, je regardais la pelouse. Cette jeune femme, habillée d'un pull d'été gris, de belles lunettes, des cheveux tirés, une jupe courte, des escarpins noirs pleins de poussière blanche du chemin. Elle marchait, son sac, ses pensées ailleurs, un coup d'oeil vers le ciel.
La pelouse, les oiseaux, le ciel bleu, quelques nuages, elle semblait s'échapper de son bureau. Son mobile, sa tablette, elle les a fourrés dans le fond de son bazar. Et dans un mouvement tout aussi décidé, elle a eu besoin de relâcher ses cheveux. Libres, dans le vent, ils volaient, se mélangeaient, lui chatouillaient le nez, fêtent leur liberté. Elle en a ri en s'asseyant là, dans l'herbe, seule, mais soudainement heureuse. Une étincelle de joie, toute personnelle, un lâcher-prise.
Était-ce le lieu ? le soleil ? une décision ? un dernier sms avant de couper ? le printemps ? cette journée presque en bonus ? Je ne sais pas, mais elle rayonnait, elle libérait ses pieds, nues ses jambes prenaient le soleil, avides d'une teinte caramel en devenir, assise délicatement. Jupe grise, coupe originale, elle savourait cette nature.
Simplement
Nylonement
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