Indépendante, avec une belle réussite professionnelle, je donnais l'image de la jeune trentenaire radieuse, belle et toujours souriante, une executive woman flamboyante. Parfois malgré tout, entre deux tranches de rôti de boeuf du dimanche, dans une discussion entre amis, dans des soirées où les mariages s'annonçaient, les premiers enfants naissaient, j'entendais la petite phrase "alors cet amoureux, tu lui laisses un peu de temps pour te rattraper ? tu nous le présente quand ? ..." d'autres versions qui amenaient parfois d'autres interrogations plus fortes "tu n'es quand même pas seule, toi c'est impossible!".
Indépendante, cadre impliquée et souvent en déplacement mais aussi, femme féminine, voire sexy quand il le fallait, quand il était là justement. Oui il y a avait bien un homme dans ma vie, discret, car je n'avais pas trop de temps, pas vraiment de sentiments pour lui, mais une réelle complicité qui se prolongeait au lit, souvent. Un sex friend pour les raccourcis, un bon ami, un bonheur à deux dans nos agendas occupés, des plaisirs partiels pour les autres, du bonheur plein pour nous deux. Certes les sentiments avaient fait au bout de deux ans un peu pression, mais il était marié, heureux, papa, serein dans son boulot et avec moi. Rien n'avait été caché, rien n'avait été promis. Et de mon côté, rien n'avait été demandé ou exigé, mais plus encore j'aimais mon célibat pour ces instants calmes, sans personne, juste pour moi. Egoistement peut-être, mais j'aimais ma solitude.
Indépendante, plus vraiment depuis que ce retard de règles, ce test acheté et posé sur le bord de la baignoire, une barre, de l'attente, deux barres bleues, positif, un test positif, je suis enceinte. J'aurai pu pleurer, de joie, de rage, de peur mais je suis allée sagement prendre un thé. Je devenais maman, de façon un peu impromptue certes. J'avais pas de contraception, nous utilisions des préservatifs pour garder notre liberté, nos corps sains. Mais récemment, après deux semaines sans se voir, nous avions très envie, très très envie. Bref, nous avons fait l'amour, dès la porte refermée, là, le string au milieu des genoux, la jupe relevée, collés au mur, comme des amoureux fous, sans rien. Mon cycle, le nombre de jours, enfin bref, nous avons rien calculé, juste cédé à nos envies, nos pulsions. Mère, un nouveau statut. Envisageable, peut-être. Pourquoi pas après tout.
Seule ou avec lui, la question serait plus tendue probablement, même si nous en avions ri un jour, sans l'envisager, juste pour se dire "et si on faisait un enfant ensemble". Ce n'est pas un lâche, juste mon ami, mon amoureux de lit, mon pote, mon duo pour m'évader, mais aucunement mon compagnon, encore moins mon mari. Et puis pas envie de casser son couple, sa famille avec un enfant, un bébé à venir, pas celui-là, mais celui dans le ventre de sa femme. J'ai passé deux semaines à continuer à vivre normalement, sauf avec quelques nausées, à penser à ce bébé en préparation. Jamais je n'ai hésité à savoir si je le gardais ou pas. J'étais maintenant maman, sans père officiel. Avec un sourire, j'anticipais ma modernité, mon indépendance financière, ma vie de femme et de mère. Les mots des autres, les jugements et les préjugés, je m'en tape. Lui, je vais lui annoncer. Mais toujours ne rien exiger.
Je fais un bébé toute seule, je suis heureuse.
NYLONEMENT
texte publié sur le blog
www.absolue-feminite.blogspot.fr
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