Encore cette cour d'école, ses parfums, sa peluse tondue, les arbres un peu plus grands, les bancs verts, des dizaines d'enfants et de parents aussi, lje lui tenais la main. Pas vraiment une première fois pour moi, mais pour elle, la petite dernière de notre nouvelle fratrie. Famille recomposée, des enfants de mon côté, trois grands, un enfant pour elle, plus jeune, un tout pétillant aec un trait d'union, le fruit heureux de nos amours, une petite fille. J'étais venu ici avec mes précédents enfants, mes ados actuels, il y a plus de quinze ans, ils sont étudiants maintenant.
Rien n'avait changé sauf le pubic de cette rentrée. Une diversité avec des parents jeunes dans une grosse moitié, classique me direz-vous, mais aussi des parents plus âgés, comme moi, des papas grisonnants, des jeunes mamans avec, des mamans quadra aussi, des grands-parents mixés parfois en parents. Deux couples du même sexe apparemment, un détail dans la foule, car c'était la fête de la rentrée, et aucunement une foire aux jugements. Des mamans enceintes aussi, nombreuses ou du moins plus visibles, peut-être avec l'été, les robes moulantes et légères à la fois.
Un sourire et sa petite main dans la mienne. Son visage lumineux, la fierté d'entrer en maternelle. Une petite robe bleue, des baskets qui avaient remplacé les ballerines pour le confort des courses dans la cour, une queue de cheval avec ses cheveux bruns comme sa maman, un sac coloré pour le goûter, elle était prête. Loin du bébé, nouveau venu dans la famille, si petite, et soudainement déjà grande, déjà petite fille, prête à dévorer le monde. Sagement nous avons avancé vers la classe dans ce hall inchangé, vide à cette période de dessins d'enfants. Bientôt il se remplirait de succès et de challenges pour jeunes prodiges. Toutes les couleurs, les doigts, les pinceaux, les feuilles, les paillettes et les collages orneront les murs. Une pédagogie de découvertes, de sensations et d'instructions via le jeu.
La maîtresse, devenue professeure des écoles, avait changé, mûri depuis quinze ans. De la même génération que moi, avec des enfants dans des classes communes, nous nous connaissions, elle accueillait toujours les petits avec la même fraîcheur, une gentillesse et une empathie au-delà du rôle éducatif pur. Un sourire encore plus fier, des bisous au goût inoubliable, un premier pas, une feuille, une petite chaise, des crayons de couleur, elle était partie dans son école. Ma fille s'envolait, laissant son papa, oublié déjà; mais toujours ému même avec le quatrième enfant. La maîtresse ne m'a pas rappelé les consignes, je devais m'en souvenir. Elle a juste rigolé de ce nouvel enfant, en ajoutant simplement : "Ces instants-là sont magiques, même en les renouvelant. Les anges grandissent, elle va choisir ses premières ailes."
Nylonement