N'avez-vous jamais eu cette impression ? Un goût de fin d'été, avant la date calendaire, comme une rupture marquée dans la saison, dans nos routines de vie.
Ce matin, un début de semaine, des gouttes, un peu plus de gouttes, de la pluie, enfin, quand je regarde l'herbe grillée du parc voisin, je marche vers ce banc, sous cet arbre. Mon parapluie, je l'ai laissé, ne croyant plus à l'été, fini depuis deux jours avec le retour de vacances, le boulot en point de mire pour demain. Fini aussi cette belle histoire d'amour, pas celle d'un été, mais de cinq saisons. Commencée l'année dernière par hasard, la lassitude, son attitude tout simplement m'a ouvert les yeux. Plus rien, pas beaucoup plus qu'en juillet dernier, mais l'amour, les galipettes, les soirées sur la plage, la guitare, les nouveaux amis, le son des cigaes, tout était gorgé de sentiments, de chair sensuelle, de câlins sans fin. J'en avais envie, une énorme envie alors. Mais les mois ont suivi, je suis rentré dans mon studio, lui a fini la saison, puis est venu sur Paris, pour continuer avec de petits boulots. On était bien, la plage était loin.
Je me souviens soudain de cette orage d'été, nous, nus dans la mer, en fin de journée, l'eau dessus, l'eau dessous, ses bras, nos rires, cette chaleur et cette fraîcheur mêlée. Un bonheur intense, mais cette année, les longueurs dans la mer m'ont ennuyé, lui retrouvait ses copains, ses habitudes, son service, es charmantes clientes célibataires, cette châleur étouffante. Je n'en pouvais plus, alors là, sur ce banc, trempée, je dégouline de cet eau qui me nettoie de cette épisode. Une lame de fond venue du ciel, un bain toute habillée, cette robe en guipure qui n'absorbe plus cette pluie, la rue vide, quelques voitures, le bruit des feuilles, des gouttes.
Une pause, un nouveau départ, une saison finie, peut-être pas finalement, la pluie cesse. Mon parapluie, une idée en passant, chez moi ou dans sa voiture, je ne sais plus, j'en achêterai un autre. Là-bas un couple serré sous ce déluge, la vie continue.
Nylonement