Etrange monde dans lequel nous vivons, apparemment libres, mais pourtant les petites phrases parfois me semblent poser des barrières, des limites, des frontières.
Plus encore pour les femmes, pour les jeunes femmes de 20 ans, pour les trentenaires, pour les quadras, pour les quinquas, à chaque génération, des préjugés bien emballés s'installent, prennent racines. Notre société n'évolue pas, les stéréotypes non plus ne disparaissent pas ?
J'avoue ressentir un décalage avec tout cela, simplement en étant moi-même. Une quinqua, une ex-quadra, mais l'âge n'est qu'un facteur temps irrémédiable, une évidence du quotidien et du calendrier. Je ne cherche pas à être une autre, ni à être moi plus jeune, car j'ai vécu, des bons moments, d'autres moins excitants, mais le bilan est derrière moi, et maintenant, je profite. Mes enfants sont grands, les études faites, les boulots trouvés et pour certains installés en couple, en petite famille. Moi, je suis divorcée, pas un cas à part, plus un cas standard dans ma génération, une vie heureuse puis heurtée par l'incompréhension, par la distance, les non-dits, les instants sans sons ni images, une vie arrêtée, déprimante avant la coupe de ce cordon, longue, trop lente puis la libération. Des enfants plus sereins que moi à l'époque, plus troublé par leur adolescence que par cette histoire d'amour fini, et puis un jour, leurs vérités, leurs regards froids et très directs sur ce changement, ils l'attendaient naturellement. Aujourd'hui, je vis, je suis responsable d'un magasin, je suis libre de mes choix, je suis sous pression quand les clientes manquent, survolté quand les chiffres sont bons, surtout heureuse quand les clientes reviennent, fidèles dans la continuité. Certaines sont devenues des amies, un autre contact, des histoires mélangées, des soirées à rire de nos passés, à parler de notre présent, de nous. Le futur, il est différent dans nos esprits, nos attentes sont vers l'autre, avec un nouvel amoureux ou bien seule mais sereine.
Notre corps aussi, plus libéré pour certaines fantaisies peut-être mais là notre caractère et nos rencontres varient beaucoup. Un hasard fort, un coup de coeur, le bonheur. Notre corps aussi dans la mode, et là justement les préjugés émergent dont le meilleur "la longueur de la jupe suivant l'âge". Oui je vois déjà une échelle officielle, une ou plusieurs lois, françaises voire européennes pour autoriser tant de centimètres de jupes, tant de centimètres effrontés de chair. Grande, petite ou moyenne, avec la même jupe et parfois la même taille, nos fesses et nos rondeurs donnent des effets différents. Mais c'est d'abord dans notre tête que l'on voit, que l'on croit voir ceci ou cela. Alors avec le regard des autres, des proches, des collègues, des amies, de toutes et de tous !
Choix impossible, le mien c'est mon style, par celui de ma jeunesse en jean, pas celui de mes rares sorties en boîte de nuit où je devais faire plutôt prude, ni même après, pendant et encore après les grossesses. Mon style c'est aujourd'hui, c'est celui des compliments de mes enfants, mes filles, mes garçons, ils voient une mère qui assume sa féminité. Pleinement.
Donc aujourd'hui c'est jupe, plus souvent robe, parfois tunique l'été, avec des cuisses dévoilées en partie, bien plus que le genou. Je me sens si bien en bottes, en bottines depuis deux ans, en toutes saisons, j'expose mes jambes, mon atout féminin. Je me sens bien. Alors, jupe courte, mini-jupe ou simple jupe, je vis avec. Je ne mesure pas, et je ne laisse présumer que l'adéquation entre mon allure, mon âge et ma tenue soient sujet à une quelconque loi. Les trop-bien-pensants peuvent encore regarder ailleurs ou le sol, voire même leur enfer personnel, mais pour moi, je vis, je suis une femme, je suis une quinqua en jupe, de la taille que je veux (n'en déplaise au diktat délirant et ringard de l'auto-proclamé reine-chérie c.cordula).
Nylonement
Article précédemment publié sur
www.absolue-feminite.blogspot.fr