Troublante attente sur cet escalier, loin de tout, loin de cette foule habituelle qui monte ou descend sans savoir vraiment où aller. Les bureaux, les immeubles, les open-spaces sont là, presque vides, des rapports et de cliquetis de clavier, des têtes bronzées et des visages pâles, la croisée des vacances, des embauches et des projets. Le business continue, naturellement, sans enthousiasme débordant mais avec sa mécanique habituelle, entre besoins des clients, études et notes pour rédiger un document complet, une facture et un roulement de tambour de la finance. Ici tout est morne, le soleil se cache derrière les nuages, le béton magnifie sa présence plombante, lourde et immaculée de poussières grises. Rien de bien naturel, rien de bien humain non plus.
Un été, une saison de plus ici, cependant une envie profonde de retrouver ma province, un emploi peut-être moins glorieux sur le papier, moins bien payé (mais avec les loyers fous, les prix et les transports pesants chaque jour), mais avec de la liberté en plus. Celle simplement de vivre dans une ville à taille humaine, avec des bosquets d'arbres, des bancs, une certaine tranquilité dans le comportement global des collaborateurs. Un stress pour atteindre des objectifs comme ailleurs, mais une communication plus souple, un activité réelle sans ce surpoids du toujours pour avant-hier, de l'insatisfaction parisienne, cette course folle vers le néant. Je reviens de vacances, après la chaleur de l'été, oubliée en étant dans les montagnes et pourtant je suis fatiguée de tout cela. Là sur mes marches, je me sens vidée. J'aime mon boulot mais pas cette ville, définitivement pas cette foule présente ou non. Ce tourbillon, même en pause durant les deux dernières semaines, m'insupportent.
Je vais prendre mon après-midi, faire un tour dans un parc, avec quelques arbres, beaucoup de poussières, de non-nature, pour essayer de reprendre ce bol d'air qui me manque chaque jour. Lui, absent, pris par ses préparations pour septembre, il me manque aussi, je le serrerai volontiers dans mes bras, un autre souffle. Un sms vers lui. Je me lève pour aller prendre un bus, direction un coin de nature, relative ici. Un square devient une forêt équatoriale pour un parisien, une dizaine d'arbres pour moi. Mes parents, avec leur maison, leurs vergers, leur pelouse à perte de vue, des dizaines d'hydrangéas en fleurs, ils respirent cette vraie nature, sa dimension, et son immensité. J'en ai envie, là maintenant. Partir avec ce bus, non avec lui, en voiture, sans but, mais loin d'ici.
Tiens il pleut !
Tiens un sms, il est libre pour me retrouver !
Belle journée !
Nylonement