Un coup de soleil, des rayons cosmiques qui inondent notre planète bleue, un peu grise aussi, il pleut de la lumière.
Lasse de cette soudaine chaleur, programmée en retard sur le calendrier, je me suis assise sur un banc, dans ce square, au coeur de la ville, entre nature et bruits urbains. Des bancs et autant de scènes de vie, ce mélange qui fait notre diversité, notre société, notre vie en général. Peut-être là se trouve mon prince charmant, car mon célibat me pèse deux fois par an, comme des hormones calendaires. A l'automne où quand le soir devient un ami de chaque sortie de bureau, le sombre, le vent, le froid et le vide à la maison, il n'est pas là. Certes le dernier, je lui ai recommandé de partir, je l'ai même foutu dehors après une semaine de prise de tête, on avait plus rien à vivre ensemble, après seulement une petite année en duo. Donc célibataire, triste aussi à l'été venu, car l'inutilité des petites tenues, des petites robes sans compliments, des instants câlins sur le canapé, cette envie commune de faire l'amour avec la chaleur à tous instants, tout cela a disparu. Enfin pas complètement, une partie. Oui j'ai envie, mon corps pétille et je ne vous ferai pas de dessins. J'ai un manque réel.
Alors optimiste, pas encore non plus sur l'option rouge "je suis en rut", je regarde les mâles en présence, dans ce square, pour ce début d'été. Je ne chasse pas (terme si joli utilisé par ces même mâles quand ils observent , en bavant nos morphologies, bref nos corps de femelles). Là, un nouveau père, il donne à manger à un bébé, deux même, des jumeaux, un sac, des cuillères, des bouches avides de ce repas en boîte plastique. A côté deux grands-mères attendries, cherchant de quoi les occuper, c'est long la retraite quand leurs hommes sont définitivement froids. Elles papotent. Là-bas dans l'allée vers les jeux d'enfants, un geek branché sur sa tablette, captant même pas l'air du temps, juste le wifi pour commander un repas bio dans le restaurant d'en face. Un hipster total avec la barbe impeccable mais longue comme jamais. Peut-être sera-t-il un jour Père Noël car franchement les poils s'est dépassé, sectaire et moche surtout. Et puis çà gratte, oui là, enfin !
Plus loin, deux types, douze bières plus ou moins vides, des clodos, des heureux pensionnaires à temps complet du lieu, ils hèlent les mamans avec poussettes, entre galanteries de comptoir et grossièretés bien grasses. Qui étaient-ils avant d'arriver là ? Plus loin, deux cadres, costards, téléphone à la main, toujours connectés à un travail ou des messages urgents, ils dévorent deux sandwichs carton et sans goût du magasin bio, je sais j'ai goûté à cette saine saveur sans aucun goût. Même le papier qui enveloppait le tout semblait plus savoureux. Et ces deux-là, aussi fades. Ils doivent parler de conseils, de stratégies, d'investissements financiers, de bourse et de tristesse. Pas vraiment de femmes, car celles-ci ne sont que des excuses dans leur cv. Un complément de déco et de mode pour les accompagner dans leurs belles voitures, dans les soirées, et optionnellement pour faire des enfants, pardon, pour prolonger la dynastie du nom de famille. Romance du missionnaire, chaque jeudi soir. Je suis exigeante, peut-être !
Personne et pourtant je devrais attirer les regards, avec cette petite robe patineuse, achetée fort chère avant les soldes, pour ne pas passer l'été seule. Tout est là, vernis, jambes nues et impeccables, pré-bronzées, robe courte, talons hauts, les lunettes et mon sourire. Ok ce lieu n'est pas St Tropez, mais rien, aucune touche, aucun regard, rien. Et pas de prince charmeur.
L'été va être long, chaud, très chaud.
Nylonement
texte publié sur un autre blog
www.absolue-feminite.blogspot.fr
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