Bell été, en prolongement de cette belle année. Le réveillon avait été l'occasion pour la soeur jumelle d'annoncer son futur mariage, pour mon frère et sa femme de retenir sans vraiment l'avouer qu'ils avaient programmé le deuxième petit enfant, mes parents étaient réjouis. Une semaine annuelle, entre Noël et le début d'année, que nous passons si possible, tous ensemble, les parents, les enfants, maintenant un petit en plus, les tantes, les oncles plus vieux et même une grand-mère. Un moment fort que je trouvais lourd, pesant, inutile même quand j'étais ado, quand je faisais mes études en voulant suivre mon petit ami du moment au ski, en amoureux. Ma mère m'avait même calmé d'une bonne claque un jour où j'en faisais trop, je refusais de venir dans cette belle maison, enfin çà c'est le passé. Et cette année magnifique, avec la semaine dernière, mon chef, un type froid, dotée d'une motivation à former la meilleure équipe, me demande de rester en fin de journée. Direction un de nos restaurants, pour discuter, pour prendre le temps enfin de se parler, j'avais suivi, intriguée.
Là, une table magnifique, des clients avec du champagne, et nous dans un coin à observer les lieux. En commentant les serveuses, la longueur des jupes, la hauteur des talons, la netteté des chemisiers blancs, la qualité des sourires, la ponctualité des plats dans le regard de chacune des tables, nous avons mangé, discrètement ou presque. Les collaborateurs connaissent peu nos têtes, nous, mon chef et moi, faison partie des managers, les financiers du siège dans le langage des employés. Inconnus sauf lors des négociations de salaires, très rarement ou lors des fin de contrat, le mauvais rôle vu d'ici. En fait, notre département cherche à optimiser la qualité de produits, l'innovation dans les recettes, le ressenti des clients pour qu'ils reviennent, nous sommes le marketing produits, loin des finances et des ressources humaines. Après nos observations, tels des clients mystères en charge d'évaluer les lieux et la qualité, nous avons partagé un énorme dessert offert par le gérant, en fait un ami de mon patron.
Et dans la discussion, il m'a glissé une idée. L'envie de nous fondre durant les prochaines semaines dans les équipes de terrain. Tous les postes de cuisine, le service en salle, la plonge, le nattoyage, l'accueil et même le voiturier, pour comprendre les processus, encore mieux les appréhender. Ainsi nous saurons comment fonctionne en réalité nos restaurants, mieux que toute théorie des feuilles excel et avec plus de pertinence derrière les chiffres. Ainsi je vais occuper différents postes, moi, ici dans ce restaurant, puis dans d'autres, jusqu'au poste de gérant adjoint pour savoir comment nous pourrons améliorer notre savoir-faire. Plus ou moins, nous ajusterons les leviers de notre performance. Un nouveau défi, un peu fou, très caméléon, très à ma mesure d'improvisation et de pragmatisme derrière mon ordinateur. Je suis folle de joie, un mission pas vraiment secrète mais polymorphe, je vais voir mon travail de l'intérieur, une expérience rare, palpitante.
Bilan, depuis dix jours, après les vacances, je suis motivée par mon retour, par ce nouveau départ qui n'en ai pas un, par ce challenge d'avenir. Super ! Je ne quitte plus mon sourire. Vive la fin des vacances, je ne tiens plus. Sourire encore.
Nylonement