En regardant dehors, de bon matin, avec la fraîcheur des embruns, la plage quasi vide devant nous, ce point éloigné, de plus en plus proche, se dérobant de l'horizon de sable, longeant les vagues, ce point noir mouvant me happe. Mobile, très mobile face aux mouvements lents des rares marcheurs, des vieux pêcheurs de crevettes, des amoureux main dans la main, je me penche pour comprendre avant de voir cette forme se détacher, toujours plus proche, un cheval, une personne, une tâche noire et bleue, derrière la mer et ses reflets verts.
Intrigué par ce cliché, mais la bête au galop, apparemment heureuse de cette vitesse dans le vent, le tissu léger, le voile bleu à la suite, emporté par leurs énergies, le cavalier et les muscles de l'animal, une fête en mouvement. Je suis ce long, très long traveling d'un bout à l'autre de la plage, mon thé dans la main, captivé par cette image de sérénité, de complicité fusionnelle entre les deux êtres. Tous les deux sont pris par l'effort mais dans une dynamique fougueuse. La vision panoramique amplifie un monde au ralenti avec juste ce cheval dévorant les centaines de mètres, les kilomètres de cette plage sans fin.
Insolite, pas vraiment et pourtant, nous regardons ce passage comme un signe, admirant cette force lancée à pleine vitesse, ce voile bleu comme un drapeau, cette tâche déjà au loin. Un mirage, une illusion ?
Une femme, un cheval, l'été, la liberté incarnée.
Oui, après ce passage, nous en terrasse, vacanciers et amoureux, j'ai enfin trouvé les émotions de ce duo, de ce déroulé galopant, de ce centaure au féminin. La liberté !
Emouvant.
Nylonement