L'été est là, pesant de chaleur, vampire de la moindre trace d'humidité dans l'air.
Cependant la saison s'amuse avec la mode, car les belles chaussures, les escarpins fins qui me faisait rêver durant l'hiver, dans les vitrines, toujours en décalage d'une saison, voire de deux, maintenant je suis heureuse de les sortir. Miracles des bonnes affaires, des soldes et des coups de coeur, avec une paire complice d'un craquage d'un soir de spleen, elles sont là, patientes et posées sur une belle étagères, deux encore dans leurs boîtes. L'air chaud les frôle, elles s'animent, je les glisse à mes pieds.
Ongles vernis, chouchoutage en règle de mes pieds, massage en institut, un rituel d'été, des crèmes pour la peau souple, un peu hâlée, une chaînette sur la cheville, aucun voile de nylon, juste la liberté de me chausser, jambes et pieds nus. Escarpins ouverts, talons de petite taille, mais plus souvent des hauteurs supplémentaires, surtout pour cette paire dont l'excuse tient dans une invitation au mariage d'une cousine éloignée. J'ai acheté des hauts talons, dépassant les dix centimètres, mais j'ai répondu que je ne pourrai venir. Paradoxe au féminin, plaisir simple de pouvoir les porter pour une sortie entre copines au restaurant en terrasse. Cet accessoire, c'est mon plaisir, ma gourmandise, ma folie parfois, mon simple bonheur au quotidien. Tous les jours, été comme hiver, je ponctue ma silhouette. Un atout ? peut-être, évidemment une touche cosmétique de bien-être, une note de mode, pour moi.
Et puis si ma mère en rêvait sans pouvoir, sans vouloir oser en porter. Adolescente, ce fût mon premier vice affirmé avec mes sous, mon argent de poche, mon premier achat personnel, quasi intime. Aussi important que les premiers sous-vêtements. Une transgression de mon milieu social peut-être, une rupture avec la normalité pour mieux affirmer ma féminité, mes rêves.
Accessibles comme aujourd'hui dans ce dressing, j'aime compléter mon allure avec des escarpins, des talons, toutes les tailles, car je sais marcher, fièrement avec.
Et puis le regard des autres est différent, et comme un miroir, j'aime cette étincelle dans leurs yeux, leurs compliments aussi.
Nylonement