Encore un regard, celui d'une collègue, sur mon petit tailleur noir, sobre, presque stricte, d'une coupe stylisée sans fioritures, juste quelques lignes blanches et fines pour marquer le tissu. Elle semble apprécier, tout comme le collant opaque et mes bottines, eux aussi en toute simplicité, mais avec cette élégance chic qui est ma signature, ma silhouette dans ce cabinet de consultants. Audit et réunions, rapports et tableaux, je travaille beaucoup, trop parfois, mais j'aime me donner du style avec quelques éléments simplement, avec des jeux sans excès de transparence, ni même de dentelles, mais plutôt avec des matières nobles, aux coupes modernes. Sans jamais oublier de mettre en valeur mes jambes.
Mon atout féminité, ma force de femme active, une part réelle de mon identité.
Depuis toujours. Déjà adolescente, j'avais mouché les autres, les tribus soumises aux remarques des ados mâles souvent pré-pubères, coincés entre les résultats des matchs de foot et leurs premières vidéos de cul, leurs visions très limitées du corps de la femme. Sans oublier les esprits peu libres, pas très sains qui voyaient en mon corps une expression débordante de "salope" car j'osais porter des jupes, des robes, affirmer et montrer mes jambes. Mes bracelets aux poignets, mes cheveux en pétard, ma haine dans les yeux envers ceux qui regardaient pas, envers ceux qui regardaient trop, envers tous. Belle adolescence pleine de paradoxes !
Puis j'ai déménagé au gré du divorce des parents, dans une autre banlieue, une autre région, du soleil en bonus, des nouveaux copains, des copines plus stylées, et puis moi, en plein changement, naturellement plus bohème, les cheveux longs mais enfin coiffés. Des bottines, des sandales compensées, des sacs très lares pour mon bazar, mes cours, mes discussions sans fin pour refaire le monde avec les potes.
Que de café, que de paroles sur la mode, moins sur moi, tant mieux, j'aimais alors être fondu dans la masse, dans cette foule d'amitié, mais fidèle à mes shorts, mes jupes, mes tuniques d'été et mes gambettes libres.
Puis le poids du divorce, des résultats d'école qui ne me convenaient pas, la maturité d'un corps naissant de jeune femme, quelques kilos, je me suis caché sous des pulls longs, des tuniques plus épaisses, plus molles, des collants opaques, ma féminité en retrait, loin de moi, dans une enveloppe floue. J'aimais pourtant ce nouveau calme, ce nouvel amour de ma mère, ses sourires, ce beau-père discret et attentif. Et puis j'ai aimé, cet Emmanuel, beau brun timide, mais fougueux dans sa déclaration, dans la chaleur de ses bras, des baisers volés et une volonté de mes retrouver pour lui. De devenir femme entre nos sentiments et nos émotions charnelles, j'ai retrouvé une ligne sans régime sauf celui de l'amour.
Robes légères, balades et soirées sans fin. J'étais bien et si féminine, une nouvelle coupe, blonde six mois, brune six mois et toujours lui. Pour lui, pour son coup de crayon, j'ai posé, j'ai souri sans limite, j'ai joué avec mes courbes, mon corps exprimant le reflet de ses regards forts sur moi. Un duo complice, une belle fusion, le temps de porter des collants de couleurs, d'oser des motifs, des tenter les résilles de toutes tailles, de rire des moments impossibles, des collants filés trop vite, des looks destroy imrpovisés, de son regard toujours attentionné sur moi. J'étais sin bien.
Aujourd'hui je suis devenue une femme, bientôt une mère, déjà une épouse, avec un autre certes, mais je ne peux envisager ma vie sans mes jambes libres. Dans ma propre définition de cette valeur, sans contrainte, sans exhibition, mais juste aériennes sur des talons, dans des bottes ou sur des escarpins à talons hauts, mes jambes enveloppées de nylon, fin ou opaque, pour souligner mon allure naturelle. C'est un peu de moi, c'est indispensable à ma féminité, et je suis bien ainsi.
Nylonement
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