Etrange détail que je ne voyais pas dans cette silhouette arrêtée derrière la vitre de la brasserie, mon chahcolat chaud encore fumant, mes carnet de notes à côté, des idées, des mos et des dessins en cours. Mais de cet hiver encore présent malgré les rayons du soleil, il faisait froid, elle avit pris la précaution de s'enrouler d'une tunique pull irlandais, épais et confortable, avec quelque chose en plus. Sa moue, même pas, sa conversation semblait passionnante avec son mobile, elle tournait les yeux vers le sol, vers quelques voitures ou passantes, rien de plus.
Et puis soudain son regard froid, droit sur moi, un sixième sens en retour du mien plus intrigué, et soudainement capté par ses mains, ses gants, ses doigts enveloppés de cuir souple.
Un mouvement de foule, deux livreur, elle est partie sans laissé de traces, juste son image, un accessoire de mode si rare, si élégant, un retour dans le passé, sans nostalgie, juste par effort de mémoire sur la mode du soir, des sorties au théâtre, des restaurants, des belles toilettes avec les robes corolles ou longues. Les gants, un héritae ancien, venant des temps moyen-ageux avec des dentelles, des usaes multiples, mais surtout devenus au gré du temps, des siècles une étincelle de mode. Encore très présent au XIXe puis début du XXe siècle, il s'est consumé avec la liberté des années 70, même si il existait alors en version coloré et maxi pour des tenues de scènes. Il était de trop, dans des décennies de sobriété où le paraître passe dorénavant par la robe, les chaussures et le sac à main. Le chapeau est parti avec lui.
Comme par jeu, comme les enfants comptent les voitures jaunes, les chaussures d'une couleur, en espérant pouvoir toutes les transformer d'un geste magique, j'ai observé toute la journée, durant mes déplacements, les mains gantées. Rares pour ne pas dire très rares, surtout que je ne me rendais pas à une soirée pour un opéra, simplement ici et là dans cette ville grouillante de mode, mais où le glamour se dilue fortement. Coiffure, beaux escarpins, belles allures, jolies robes se font rares là encore.
Et les gants ! Une belle attendant un taxi devant un hôtel chic sur une grande avenue, elle portait le tout avec style. Simplement, sobrement mais comme le reste de sa tenue, elle avait du caractère, un joli ensemble, un joli chignon. Une vraie présence.
Un peu plus loin, juste entre deux rideaux d'un magasin de mode, là où mes yeux se posent le plus souvent, j'ai aperçu un plissé léger, rose poudré, presque un tulle de danseuse, peut-être des ballerines aux pieds, je n'ai jamais su, mais des gants, en version longue, si valorisant, si infiniment féminin posé sur une hanche.
Quelques pas encore, deux coups de fil, du bruit, la rue, finalement un coin plus tranquille dans une autre rue, le calme relatif, deux bottes suivies d'un manteau de saison, un sac de marque, des pas courts, une jupe crayon peut-être en dessous, elle semblait chercher une adresse. Perdue, je ne sais, mais avec des gants mi-longs.
Deux rendez-vous, des discussions, un bureau fade dans les teintes de beige que seuls les architectes tristes savent faire, un contrat signé, enfin, dirais-je après des heures à pinailler sur des détails dont chacun reverra autrement dans le compte-rendu. Je sortais, je laissais un message à ma belle, un lieu commun pour se détendre, tous les deux.
Quand je suis arrivé, j'étais le premier. Une eau, des bulles, non finalement un schweppes, du citron, et la ville qui sombre dans la nuit encore trop tôt dans les horaires de nos journées remplies. Je reprends mes notes, corrige le design des prototypes, ajoutent des options folles pour ravir les futures clientes, j'annote une idée saugrenue. Une pause, un regard circulaire.
Une femme, brune, les yeux brillants, fixant les lumières extérieures, et deux bras, plutôt deux gants en cuir, longs, sans fin. Sa tête repose sur le cuir noir, satiné, souple comme une seconde peau, sensuel.
Je sens ma belle, toujours féminine, toujours plus proche, avec une pointe de sourire intérieur, face à cette série gantée, je m'interroge. Portera-t-elle aussi des gants ce soir ?
Moi seul le saurait.
Nylonement
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