Eux, ce sont mes proches en particulier ma famille, mes amis et mes amies, mes copines, mes voisins, mes collègues. Mais c'est aussi la société, cet univers invisible dans lequel nous sommes vivants, respectant les règles d'un gouvernement, les lois, mais aussi les valeurs de notre éducation. Les interactions de tous les êtres, de ceux qui pensent librement avec leur propre référentiel de valeurs, leurs propres définitions des mots "Respect" et "Liberté". Le poids énorme d'un groupe d'individus, qui se parlent, se regardent, s'observent, s'entendent , s'écoutent parfois, plus rarement.
Eux ce sont ceux que je croise anonymes dans les transports, moi-même avec mes écouteurs et mon univers musical, ma tronche penchée dans un livre, un magzine ou dans le vide du sol pour ne pas les voir. Leus pas, leurs godasses et leurs talons, les petits et les grands, les trop parfumés et les sans-douches, je ne les regarde plus, pas vraiment envie des les voir. Je ne tente pas le rand écart entre eux et moi, mais nous ne posons pas la même vision sur notre monde. Passé, présent, futur surtout, je vis pour demain.
Moi, je suis jeune, studieuse, protégée et pourtant parfois un peu paumée. Mes repères sont faciles, un quotidien bien chauffé, un cocon bien nourri. Cependant dans un monde où le boulot manque, où le futur rime souvent avec des contrats précaires, j'essaye de bosser un maximum pour être la meilleure avec le meilleur diplôme. Et pourtant, en tenue jean et pul, ou en tailleur pantalon, je reste moi-même. Et j'ai des doutes quant à un réel poste disponible juste suivant mes envies, juste suivant leurs besoins.
Moi, c'est aussi une bombe à retardement,une famille aimante, peut-être trop présente même si ils me foutent la paix, même si il supporte mon caractère d'adolescente aux règles complexes, aux sauts d'humeur très acrobatiques. Je ne sens perdue, et pourtant ils sont là derrière la porte, n'osant forcer ma barrière d'humeur, n'osant comprendre que j'ai besoin d'eux. Un paradoxe quotidien, sauf depuis qu'elle a apporté sa lumière.
Eux, ce sont aussi les regards, ceux de la vie, des repères naturels et hérités des générations ou des habitudes. La quête du couple entre les copines et les copains, l'esprit ouvert sur de belles soirées où l'on trouvera sa moitié, son mâle romantique ou macho, son homme. J'ai regardé, j'ai goûté, mais finalement je ne me suis pas trouvé dans ce modèle. Heureusement j'ai pris du recul sur eux, dans ma timidité, j'ai compris que ce n'était pas eux qui me jugeait, mais moi qui pensait pour eux. Mon propre regard dans le miroir.
Eux n'avait pas non plus l'envie de voir, le flou restant une solution de faciliter, une aisance colorée de politesse. Mais dans mon cocon le plus proche, j'ai pas cherché à être autre chose que moi. D'ailleurs mon beau-père, cet homme qui aime ma mère, elle aussi en retour, deux amoureux heureux, deux familles derrière, un amour fusionnel devant, bref eux, ils ont ouvert les yeux plus vite, sans juger. Ils ont été simples dans leurs messages "nous ne voulons,, nous ne voyons que ton bonheur !" Eux n'avait pas de choix sur moi, sur elle, sur nous. Loin de la société, loin des écueils possibles, ils étaient déjà là comme un point de soutien.
Moi, c'est un peu d'elle, cette femme que j'aime de tout mon coeur, fragile, encore incertain, encore pris dans les doutes. C'est un peu mon moteur intérieur, ma carapace et puis aussi dans ce cas, une révélation, une obligation de me l'avouer à moi-même. Sans surprise, sans avoir de plus à le clamer autour de moi. Est-ce que ma mère m'a fait son revival d'amour quadra-out, non, elle l'aime simplement. Moi aussi j'aime simplement cette femme.
Moi, c'est un bonheur de me lever, de l'attendre, de l'appeler, de bosser beaucoup et de trouver que tout mon temps libre avant si important si vide, est maintenant si limité, si peu extensible pour être encore plus avec elle. Je suis bien dans ses bras. Notre relation vit, nous sommes deux femmes ensemble, main dans la main, face à eux, mais heureusement si les regards diffèrent, de plus en plus nous soutiennent, ou simplement s'indiffèrent dans un naturel contemporain. C'est ainsi, c'est notre vie, pas la leur d'ailleurs, mais la mienne avec elle.
Moi, je suis amoureuse d'elle. Et c'est ainsi.
nylonement
pour référence
www.liberation.fr/societe/2015/03/05/lesbiennes-vivons-heureuses-vivons-cachees_1214348
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