Aujourd'hui, c'est un autre jour, non pas une autre vie, mais un pas différent.
Un pas de danse, une pause dans ma vie bien occupée. Célibataire, faute de ne pas trouver le temps de remplacer le prince charmant parti avec une brunette aguicheuse, je me suis concentrée dans mon boulot, avec quelques mouchoirs, et du temps pour moi. Après avoir l'impression de tout lui avoir donner, je suis devenu altruiste avec moi--même, prenant le temps de pousser la porte d'un salon de massage deux fois par mois, pour me détendre, me faire chouchouter sur-mesure, et puis surtout j'ai repris la danse. Un exutoire, un sport, un art de vivre aussi. Non pour le régime, je ne veux devenir danseuse étoile, et rachitique pour mieux enfiler mon tutu. Mais simplement dans l'esprit, je veux être légère, aérienne, force de subtilité.
Alors le classique certains jours, du jazz d'autres soirs, parfois de la danse plus chaude, plus sensuelle à deux avec de la salsa ou de la rumba, mais je reviens toujours à la barre, à mon tutu, à mes chaussons, à ce temps immobile avec le laçage, le mouvement lent des mains autour des chevilles. Se changer, bouger, chauffer tous les muscles, avancer, voler, devenir une autre.
Un bien-être très intéroirisé, une histoire personnelle, une sueur qui me fait du bien, au-delà des hormones que mon corps distribue quand je poursse l'effort, quand je repousse les limites, quand j'oublie que j'ai peut-être mal, que la fatigue est là depuis plusieurs minutes. J'aime ce bien-être fort, une drogue sportive mais aussi spirituelle, tourner sans limites, ne plus sentir les muscles, les années, mon corps de femme, mais juste interprêtée la volupté, la grâce dansun espace sans fin. L'horizon de lumières vives, le soir, quasi seule dans cette salle, en cherchant le bon geste, la main subtilement libre, les pieds en extension, les cambrures, les muscles allongées, les coups de reins, les sauts, les réceptions, les enchaînements, c'est un tout dans la nuit extérieur, les lumières sur la ville.
Je fais corps avec ce piano, cette variation d'Horowitz que j'aime tant, elle me berce depuis des années, depuis mes études, dans mon mp3 dans le métro, chez moi parfois, mais ici sur ce parquet, je fusionne avec le piano, avec la fougue délicate des doigts de ce génie. Et quand le public applaudi cette version concert, je m'écroule, satisfaite, épuisée, rassasiée de mes efforts. La douche, sera le meilleur moyen de caresser mon corps, de retrouver ma présence de femme, celle que je refuse encore de voir dans le miroir, espérant ses bras à lui autour ma robe. Je me donne pour retrouver mon intégrité, encore et encore.
D'ailleurs aujourd'hui, je ferai des photos, en danseuse pour un photographe, me voir enfin.
Nylonement
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