Toi, que j'ai vu naître, crier et téter avec un ravissement certain dans tes yeux, tu as bien grandi depuis. Non seulement la taille, quand maintenant encore dans une complicité dont tu décides suivant tes humeurs, tu me demandes de te sécher les cheveux. Longs, très longs,parfaitement entretenus, tu aimes depuix toute petite que je les sèche, que je les peine longuement, que je leur donne une courbe intérieur ou extérieur. Mais maintenant mes bras ne sont plus assez lons quand tu es debout, presque aussi haute que moi, même sans talons.
Toi, que j'ai vu enfant, simplement heureuse, discrète plus que timide, toujours avec des amies, toujours très fière de tes dessins d'école, à la maternelle, en primaire ou au collège où ils étaient sélectionnés pour orner l'entrée de celui-ci. Elève studieuse, sportive à tes heures, déterminée malré une certaine nonchalance, j'étais là pour te voir gagner, rayonner sur le tatami dans ce combat que tu voyais perdu d'avance. Tu as grandi ce jour-là aussi. Petite fille tu es devenue jeune fille avec le temps, avec sagesse mais aussi avec caractère, toujours extrémement rangée, volontaire dans tes actes, souriante quand le nutella emplissait les cuillères, ta bouche, ta gourmandise.
Toi je t'ai vu changer, ton corps évoluer, ta pudeur arriver. Naturellement, j'ai essayé d'être un père présent malgré mon travail, près de toi, de vous tous car tu es l'aînée de tes frères et soeurs. Oui avec toi, nous avons fait les premières rentrées, à l'école, au collège, au lycée, tu as ouvert la voie de l'éducation scolaire, mais aussi défriché avec nous, tes parents, notre volonté de te transmettre des valeurs, d'expliquer les règles, de nous tromper aussi. Rien ne prépare à être parent, mais je ne crois qu'en une seule chose, l'amour, vers toi, vers vous tous.
Toi tu es devenue une jeune fille, une jeune femme, pas uniquement avec les "choses de fille", mais en prenant confiance en ton corps, en souffrant de ta croissance qui te fatiguait, en prenant du recul dans to adolescence, dans ta grotte, ta chambre, ton milieu, ton chez toi. Parfois il fût dur de te parler, de te comprendre et réciproquement, parfois j'ai douté de trop en faire, ou pas assez, de trop imposer ou pas assez, de te laisser vivre cela. J'ai presque compris que les hormones, la vie, les nouveaux espaces de ce moment crucial où l'on devient adulte sont complexes.
Toi, ma fille, tu fêtes un an de plus aujourd'hui, simplement. Loin du bébé, loin de cet enfant que l'on voit grandir trop vite, sans jamais croire, presque deux décennies avant que l'on aurait une jeune femme chez soi.
Toi, tu es ma fille, nous avons tant en commun, des passions, des liens forts et naturels entre une fille et son père, peut-être, oserais-je dire, des ressemblances de santé, de parcours, de sensibilité. Mais rassures-toi je ne cherche ni à faire une copie, ni même à faire de vous, mes enfants, ma prolongation de moi, je souhaite uniquement transmettre le meilleur, en me trompant peut-être. Je suis simplement votre père, avec moi aussi des sourires, des doutes, des obligations d'adultes.
Tu es grande, ma fille, je suis fière de toi, de ta force, de tes choix, de ta discrétion, de ta présence quand tu veux exprimer tes convictions, de ta beauté toute en longueur. Aujourd'hui, comme les autres jours, je suis heureux d'avoir pu choisir ton prénom, avec ta mère, d'avoir donné vie à cet humaine que tu seras, avec un coeur profondément délicat.
Saches ce que je n'oserai te dire, tout ce que ressens un père pour ses enfants, bien au-delà de la fierté de vous voir bouger, manger, vivre. Pour une fois les mots me manquent, car ce sont ceux de l'amour !
Nylonement