Sortir de l'hiver, espérer en sortir et pourtant ce matin, il fait encore plus froid, avec cette humidité héritée d'hier, de cette brume matinale qui devient permanente. Neige prévue, je regarde au-dessus de moi, le ciel est blanc, opaque, dense et triste.
Heureusement, là en moi, mon coeur bat plus fort, pour lui, une belle aventure, un hasard, une rencontre anodine, un ami d'amie, une relation autour d'une table bruyante, et finalement des paroles. Nous avons déconnecté des autres, là dans le coin, sur cette banquette, prenant le temps de partager nos lectures, de laisser les adeptes des multiples applications inutiles pour téléphones à l'obsolescence programmée si peu durable, si peu enrichissantes. Nous avons voaygé dans nos mots, nos écrivains préférés, nos têtes de turcs réciproques ou communes, nous avons fini la bouteille de chamapgne, là, tranquilles, à deux au milieu de dizaines de personnes. Le bruit ne venait plus à nous, et puis soudain, j'ai ri, de rien, de son décalage involontaire sur une phrase, d'un humour presque anglais malgré lui, ou d'un involontaire quiproquo. Il a souri, lui aussi. Je l'ai aimé probablement dès cet instant.
Simplement
Et comme rien, n'est simple en étant une trentenaire sans boulot, sans voiture, dans une chambre louée par la famille, je me suis levé pour ne pas rater les derniers bus, il m'a proposé de me ramener, je ne savais plus choisir entre le Oui ou le Non. Mes sentiments, ma vie incongure depuis que je ne trouve pas de boulot, ma petite vie, si fade mais soudainement, magiquement plus souriante avec lui.
Ma meilleure amie, l'instigatrice de ce repas entre copines et quelques copains, elle me fait signe, elle valide mon choix par ses yeux complices, et je suis là sans réponse. Mais sagement, il me rassure sur ses attentions, sourit de ma soudaine fragilité, de mon trac face à ce simple détour sur son chemin. D'ailleurs je ne sais pas où il va, et lui ne sais pas d'où je viens. Nous avons visité nos bibliothèques, nos livres, lui surement bien classés sur des étagères bien rangées. Moi, la version cartons non ouverts depuis un déménagement rapide, un ex bien stupide et une envie folle de tout quitter. Je voudrais pas le décevoir mais j'ai envie de l'avoir près de moi, pas trop loin, même assis finalement sur ma banquettes en cartons non déballés. Quelques coussins, un tas régulier, et les amis s'amusent de s'asseoir sur Molière, Proust, Balzac ou tous autres romans plus actuels. Quand il y a un creux, ils cherchent un de ces livres d'été, creux aussi dans son contenu, vides dans leurs histoires, avec peu de pages, pour calés leurs fesses. La littérature devient la base de mon design non suédois.
Vais-je lui dire de m'accompagner chez moi ? oui là-haut, cinq étages, sans ascenseur, des marches rapées, des odeurs multiples, un palier froid, mais souvent la lune dans la fenêtre du couloir.
Oserais-je lui dire que j'ai envie de l'avoir avec moi sous ma couette ? oui pas uniquement pour un dernier verre, mais collé à moi, tout près.
Il a trouvé la réponse, m'embrassé, en me prenant par la main, vers la sortie, un dernier signe aux copines. Une belle histoire.
Là ce matin, je quitte son appartement pour me rendre à ce nouveau poste, depuis plus de trois ans déjà. J'aime ses baisers légers sur mes épaules, dans le cou, là comme la première fois. Jamais lasse de lui, de sa chaleur. Heureuse de sentir ses mains sur mes jambes.
Nylonement