Un hiver nouveau, un slogan qui résonne dans nos têtes, des foules que l'on a vu défiler en nombre partout, je regarde le sol en attendant le métro. Du bruit, la foule, les sortants, les entrants, la lumière, le noir des galeries souterraines, les descentes et montées du métro, ses coups de frein, je relève la tête, un peu perdu dans mes songes, dans mes préparatifs. Ils hantent mes jours et mes nuits pour ce futur salon, mon avenir maintenant.
Je cesse de rêver en apercevant des jolies escarpins rouges, une touche de couleur dans le gris morne de l'hiver, de ces gens habituels et pourtant je suis surpris. Oui, là et là encore, des têtes et des regards vers les autres. On ne semble plus s'ignorer, on semble tous debout, quelqu'uns assis quand même, mais tous plus proches des autres. Un regard, un sourire, oui, un sourire dans le métro, pas une invitation, pas un plan drague, pas de harcèlement non plus, juste un sourire.
Un acte simple, sobre, rapide et vrai, un sourire vers l'autre, là avec son manteau, une autre personne le prend pour elle aussi, souriant à son tour, un pull, un costume, un gilet long, un survet à capuche, tout le monde porte un regard différent. La terreur a été en nous, mais elle est encore là, consciente de ses horreurs trop récentes, et pourtant un nouveau signe naît, renaît, s'offre à tous, nous unit, le sourire.
Liberté de sourire, d'être non pas des étrangers entre nous, mais des personnes libres, inconnues, restant inconnues mais semblables, proches sans être complices, juste sures de partager une définition commune, de cette valeur forte, de leur liberté commune.
La mode, je la vois moins, j'y fais moins attention soudainement, pris dans ce jeu de reflet de sourire, de l'un à l'autre, comme des miroirs pris dans la lumière, tous, de plus en plus, des rires même, une relation, une étrange sensation de communion. C'est l'hiver et pourtant le soleil luit dans les méandres du métro.
Nylonement