J'étais rentrée du bureau pleine d'idées noires, la pression, le projet qui n'avançait pas, les rumeurs peu positives des uns et des autres, tout le monde serrait les fesses, sans trop savoir les réelles raisons de ce plafond oppressant.
La pluie fine avait remplacé le froid, avec son ami le vent, elle me gelait en attendant ce bus toujours en retard, et mon impatience amplifiait le ressenti. Mon manteau ruisselait de cette eau trop abondante, de ses gouttes épaisses roulant sur mon trench doublé de laine, j'attendais encore, et je ruminais ce temps perdu, cette journée un peu sombre, cette nuit qui tombait trop tôt en hiver. La mode, une distraction visuelle, qui me permettait habituellement de détendre mon cerveau avec un rapide panorama autour de moi, je ne voyais que du gris, du noir, des collants noirs et des jeans, des bottes tristes et des mines peu enjouées.
Je suis enfin rentrée, en poussant la porte, en voyant le chat s'étirer de sa fatigue accumulée sur mon pull en mohair préféré, son doudou à lui. Un sourire félin vers moi, mon mini-lion pensait à moi, d'un bond il était près de moi, non pour manger, mais bien pour me caresser de sa présence, de son ronron qui sonnait comme un bonjour.
Quelques pas, mon sac posé ici, mon manteau jeté sur le radiateur pour oublier le froid et la pluie, une profonde envie de chaleur, direction la salle de bain. Une mine grise, dans le miroir, la mienne, j'ai tourné les robinets, j'ai jeté les copeaux parfumés, j'ai regardé la mousse venir vers moi, sagement, j'ai laissé mon corps prendre comme unique repère le bruits de l'eau.
Doucement, j'ai extrait les épaisseurs de ma mode, mon gilet, mon pulle léger, mon caraco, mon soutien-gorge, ma jupe, mon collant, ma culotte, pour n'être plus que nue. Seule face au miroir, seule mais fière de me voir, différente des autres jours, différentes depuis qu'il m'aime. Je n'ai gardé qu'avec moi le bracelet et le collier, des perles et leurs reflets dans la lumière du lieu. Des détails, mais des petites touches qui viennent de lui, des attentions pour moi, un raffinement qui accompagnent mon corps.
J'ai pris mon temps, j'ai sommeillé dans ce bain, je ne me souviens plus, mais quand soudain mon téléphone a bippé, j'ai su que c'était lui. Quelques mots, des reflets de son amour, des bises anodines pour les couples sans sentiments, perdus dans leurs routines, mais pour moi, intenses comme celles qu'il me fait en partant, en arrivant, quand il veut, ou juste avant de dormir. Je l'aime, il m'aime. Le sourire se reflète dans le miroir.
Bientôt il sera là.
Nylonement
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