Comme emportée par le vent chaud dans les transports, dans les souterrains, je cours vers le bureau, une journée normale dans une vie normale.
Et pourtant ce matin, tout le monde s'embrasse, se fait deux ou quatre bises pour fêter la nouvelle année, en se souhaitant du bonheur, une santé de fer, des joies avec la famille, avec les amies et même avec les collègues. Un mix de franchise et de fausseté onctueusement mêlé comme un gâteau magique. Personne ne sait quelle couche de bonheur il croquera, ni quelle vacherie le supérieur lui fera sur le prochaine dossier, soit pour garder le prestige et la réussite pour lui, soit pour jouer l'effet parapluie envers l'autre. Bienvenue et bon retour au bureau, dans un milieu de pure joie, de bonheur inontestable, de franche camaraderie.
Rassurez-vous, le vent froid est aussi vite revenu quand la première réunion a tiré tout ce petit monde de la machine à café vers les bocaux transparents avec table et chaises, chacun emportant son portable et ses dossiers sous le bras. Alors dès aujourd'hui j'ai pris la mode version hiver et grande protection, une version confort où je pourrai librement me mouvoir, me déplacer d'étages et open-spaces, sans réel lieu d'existence dans cette entreprise, du moins un coin personnel. Ma boîte à roulettes, mon sac à main, mon téléphone, mon portable, mon manteau, voilà ma vie ici, le reste est mobile. Je peux travailler là ou deux étages plus bas, avec des collègues inconnus qui restent le nez dans leurs écrans, les oreilles avec des écouteurs branchés sur de la musique ou des conférences avec les clients ou leurs chefs de mission. Un monde merveilleux !
Alors ma mode, sa chaleur m'est indispensable pour me sentir bien et même parfois pour me sentir libre. Des escarpins, des bottines ou des bottes suivant mes envies. Des robes, de couleurs, des jupes, des tenues féminines au milieu des hommes aux costumes souvent gris ou noirs, je veux respirer. Accessoires obligatoires, bijoux discrets mais bien présents, maquillage et coiffure, collants, tout est là pour me donner de l'espace, pour forger mon univers personnel et féminin.
Allez je file, une réunion, après un train, heureusement ce soir, je retrouve mon chéri, dans une autre bulle, celle de notre amour. J'en rêve déjà.
Nylonement