Dans les draps de ce bel hôtel, les souvenirs d'hier soir sont encore très présents. Son parfum, sa présence invisible, je suis étendue, nue dans la chaleur douce de ce lit. Je vous laisse préjuger des volutes charnelles de ces dernières heures, je savoure tous ces instants mais plus encore la bulle d'émotions intenses partagées avec lui. Cet homme, cette rencontre alors que je ne croyais plus jamais voir battre mon coeur pour une autre personne. Veuve trop tôt, occupée entre mes deux enfants et les regrets des grands-parents, par mon travail et ce défi imprévu dans une vie amoureuse si heureuse. J'ai vécu vingt ans sans voir défiler les semaines et les mois. Avec un challenge professionnel, j'ai pu monter des projets dans toutes les régions de France, rencontrant des clients et des nombreux collègues. Mais jamais avec le moindre début d'émotions. Certes j'étais un peu fermée, idéalisant notre vie commune, ne pouvant envisager mon avenir sans lui. Mes enfants ont pourtant montrer un nouvel avenir, en grandissant, en devenant adultes et eux-mêmes amoureux, en fondant des couples, ils ont insisté pour me voir de nouveau amoureuse.
Mais rien ne se passait. En rigolant avec des amies, seules après leurs divorces, nous avions parier sur nos profils créés un soir sur des sites de rencontres. Que de déceptions et de mauvais délires de mâles en rut. J'avais oublié tout cela, ne croyant qu'en l'humain, les jeux du hasard lors de mes sorties avec des amis, lors de balades, expositions et voyages avec diverses associations dont j'étais membre. Rien toutefois durant des années. Et puis un soir, un cocktail pour promouvoir des produits, j'ai conclu la présentation en invitant l'assistance à venir partager du champagne. Des clients et des revendeurs, un milieu pro plutôt masculin, lui timide, du moins discret pour poser une question en m'apportant une flûte. Un regard et surtout au final, un dîner partagé avec d'autres collaborateurs dans un restaurant local. Malgré l'heure tardive, c'était un imprévu, une demande particulière alors que les horaires classiques étaient plutôt à la fermeture, et lui, tel un prince charmant (surtout un ami du patron) pour satisfaire mon envie. Nous en avons ri. Je l'ai remercié de cette initiative.
Je suis repassée plusieurs semaines après pour un autre salon, il est venu. Je l'avais invité tout spécialement, mais cette fois, nous avons dîné en tête à tête pour parler affaire, en oubliant vite les produits et les dates de livraison. Sans chercher à comprendre, sans rien freiner, j'ai senti une boule en moi, cette explosion de bonheur si longtemps bloqué. Nous avons parlé, encore et encore, longuement dans le bar lounge de cet hôtel. Tard, nous nous sommes quittés au petit matin, en nous dévoilant un peu plus. En découvrant tant de points communs et de désirs d'avenir similaires. Tout cela a continué sagement, mais en redonnant vie à la femme que j'avais été, négligeant la séduction derrière une féminité plutôt classique, limite triste et froide. Avec ma fille, j'ai pris plaisir à racheter des petites robes noires, des escarpins à brides et des accessoires féminins. Et même des bas nylon avec coutures, la signature de la volupté pour mes si jolies jambes. Pour ses mains dessus.
J'entends la douche, il sort, son parfum le devance. Un rêve éveillé !
Nylonement